Le 25 mai dernier, un plan d'actions destiné à prévenir les violences et les maltraitances chez les étudiants en santé était signé par l'ensemble des partenaires (doyens de facultés, syndicats d'internes, chefs d'établissements etc.). Il faisait suite à une conférence sur les risques psychosociaux des étudiants en santé organisée fin mars par la Conférence nationale des Doyens de faculté de médecine notamment.
Près de deux mois après la signature de ce plan, le ministre de la Santé Olivier Véran et la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal dressent un premier bilan bref mais chiffré des mesures prises pour protéger les étudiants en santé.
Rappelant dans un communiqué de presse daté du 22 juillet leur « engagement total et tolérance zéro », les deux signataires saluent « l’engagement des acteurs locaux notamment les doyens et responsables de formations (...) sur ces enjeux de prévention des risques psychosociaux et d’accompagnement des étudiants et internes en santé » suite à la signature du plan.
Six suspensions d'agréments de stage au premier semestre 2021
Parmi les mesures phares du plan signé, avait été annoncée la mise en place d'un dispositif pour faciliter les signalements des étudiants confrontés à des situations de violences, de harcèlements ou de maltraitances.
Autre mesure (très attendue de la part des syndicats d'internes) prise dans ce plan, le retrait de l'agrément de stage « de façon temporaire ou définitive [...] en cas de violence avérée ou de non-respect disproportionné du temps de travail ».
Près de deux mois après le déploiement de ce plan, le ministère, dans son bilan, dénombre au total « quatre suspensions d'agréments de stages hospitaliers », « deux suspensions d'agréments de stages libéraux », « un changement de coordonnateur de discipline » et « plusieurs situations signalées et surveillées par les établissements de santé, UFR et ARS (...) » au premier semestre 2021.
Mais selon Léo Sillion, vice-président de l'InterSyndicale Nationale des Internes (Isni), de nombreux problèmes persistent encore au sein de multiples terrains de stage :
« Nous avons fait remonter le nom d'un certains nombre de services (notamment les urgences du Kremlin-Bicêtre) dans lesquels les étudiants rencontrent des problèmes réguliérement. Mais pour l'instant nous n'avons jamais eu vraiment de retour. Je suis tout à fait curieux de voir quelle est la réalité derrière les chiffres que le gouvernement décrit », s'interroge l'interne de médecine à Paris.
Une enquête sur le respect du temps de travail des internes bientôt lancée
Dans son communiqué, le ministère rappelle aussi son intention de lancer prochainement « une enquête auprès des internes et des établissements afin d’évaluer le respect de la réglementation relative au temps de travail s’agissant du temps de formation en stage et hors stage, de la permanence des soins et du repos de sécurité. »
Mais toujours selon Léo Sillion, cette enquête n'est qu'un effet d'annonce :
« Lorsqu'on a rencontré le gouvernement il y a quelques mois, ils nous ont dit qu'ils acceptaient de faire une enquête seulement au sein des services choisis par leur soin. L'autre condition était que l'enquête soit lancée pendant l'été alors que c'est la période la moins intense, d'ailleurs le calendrier de cette enquête reste encore très flou » souligne-t-il.
Par ailleurs selon l'interne, le gouvernement envisage de ne pas appliquer le « décompte horaire » mais plutôt de mesurer le temps de travail par « demi-journées » alors que celles-ci correspondent généralement à plus « de 8 heures de travail » en moyenne.
Invitée à un événement organisé par le gouvernement pour les un an du Ségur de la Santé, Marine Lorphelin, interne de médecine générale, a, elle, rappelé au ministre de la Santé Olivier Véran la nécessité d’« avoir des conditions de travail décentes avec un respect des 48h/ semaine ».
Sur Twitter, l'Isni qui n'a pas été convié, a déploré le fait de ne pas pouvoir participer à cette réunion :
Il est marrant @olivierveran de ne pas convier les syndicats d'internes, il me semble qu'il connait bien @ISNItwit pourtant
— L'intern(é)e - Chimère (@Linternee) July 21, 2021
De l'art de nous prendre pour des guignols. L'impression que j'ai : il fait de la com et n'a aucune intention d'améliorer les conditions de travail https://t.co/YMMdHMrW6b
Avant-hier, les syndicats d'internes et d'étudiants en santé ont reçu un mail de la part du ministère pour « peaufiner » et « cadrer » les modalités de l'enquête sur le temps de travail.
Pour Léo Sillon elle n'est que « mascarade » : « On en attend absolument rien puisqu’on sait déjà ce qui va en sortir (...) le bilan sera qu'il n'y a aucun problème de temps de travail », conclut-il amer.
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