Les médecins remplaçants et jeunes médecins du syndicat ReAGJIR, les internes de l’Isni et de l’Isnar-IMG ainsi que l'association d’étudiants en médecine Anemf ont pu assister, en tant qu’observateurs, aux négociations conventionnelles entre l’Assurance maladie et les syndicats de médecins séniors.
Et si le statut ne leur a pas donné le droit de signer ou non la convention, il leur a permis d’intervenir lorsqu'ils le souhaitaient lors des séances de négociations.
Quelques avancées de dernières minutes
Un avantage qui leur a d’ailleurs permis d’obtenir, in extremis, des avancées de la part de la Cnam. Parmi elles, figure par exemple la majoration « jeunes primo installés » lorsque l’installation d'un jeune médecin a lieu dans les quatre ans après la fin de son DES (contre 3 ans auparavant) ou l’aide unique de 5 000 € pour les jeunes médecins qui s’installent en ZAC (en plus de celle de 10 000 euros pour ceux qui s’installent en ZIP).
En plus de ces avancées de dernières minutes, la majoration de 30 % du forfait patient médecin traitant (FPMT) pour les jeunes médecins qui s’installent dans les ZIP et les ZAC avait également été avancée par la Cnam.
Mais l’ensemble de ces aides auraient-elles été suffisantes pour convaincre internes et jeunes médecins de signer la convention, s’ils avaient pu ?
Olivia Fraigneau, présidente de l’Isni, qui ne remet « à aucun moment en cause le choix des syndicats seniors », reconnaît « certaines avancées en faveur de l’installation des jeunes ». Toutefois, elle estime que l’ensemble des aides proposées « étaient de toutes façons insuffisantes » :
« Ces aides étaient étalées sur plusieurs années et surtout pas accessibles dès le J-0 de l’installation. Pourtant les premiers jours et les premiers mois de l’installation sont les plus compliqués pour les jeunes. C’est pendant cette période qu’il faut sortir le plus de financement. Mais la Cnam n'a rien fait dans ce sens », regrette l’interne.
De son côté, le syndicat ReAGJIR, dénonçait, dans un communiqué du 27 février, une convention médicale « multipliant les contraintes » avec un contrat d’engagement territorial (CET) « inégalitaire et contraignant » :
« Les jeunes médecins s’opposent à l’instauration de cotations différentes entre les médecins selon l’atteinte d’objectifs d’engagement, créant un « secteur 1,5 source d’iniquité entre patients et médecins. Ils considèrent ce contrat comme anxiogène et contre productif car risquant d’inciter les jeunes médecins à ne pas s’installer », pouvait-on lire.
Un sondage d’opinion, lancé entre le 23 et le 24 février par l’organisation syndicale, révélait par ailleurs que 94 % des jeunes médecins généralistes sondés (sur plus de 800 réponses) n’étaient pas favorables à la signature de la convention.
Cap sur l’ouverture de nouvelles négociations conventionnelles
Si les syndicats observateurs ont bien conscience que le règlement arbitral risque de leur être défavorable, tous espèrent tout de même « que certaines des avancées (notamment les aides à l’installation pour les jeunes, ndlr) seront gardées » par l'arbitre en charge de l'écriture du nouveau texte. « Maintenant l’enjeu va être de limiter un maximum la casse de la médecine libérale jusqu’à l’ouverture de prochaines négociations », avance Yaël Thomas, président de l’Anemf.
De son côté, Clément Porcher, vice-président de l’Isnar-IMG, espère que la place « importante » qui leur a été accordée pendant les négociations conventionnelles le sera tout autant dans le cadre des auditions menées par Annick Morel, l'arbitre nommé par les partenaires conventionnels.
« L’arbitre n’a clairement pas d’obligation de nous consulter comme la Cnam et les syndicats séniors ont pu le faire pendant les négociations. Nous espérons tout de même qu’elle sera dans le même état d’esprit qu'eux. Nous portons la voix des futurs jeunes installés et cette voix est importante ! », insiste l’interne de médecine générale.
Les prochains jours devraient être déterminants pour les syndicats observateurs qui verront si, oui ou non, leur avis est plébiscité.
D'ici là, ils l'assurent : « Nous allons continuer à travailler étroitement avec les syndicats et l'Assurance maladie », promet Clément Porcher.
Olivia Fraigneau, qui espère que les partenaires conventionnels auront trouvé un accord « d'ici moins d'un an », assure également que le « travail de lobbying est loin d'être fini » :
« Nous allons continuer à demander que les aides à l'installation existent dès J-0, que la revalorisation des consultations et celle des forfaits soient activées dès J-0 ! Tout ça pour éviter que les jeunes aient une première année difficile ! »
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
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