Deux ans après la publication de son enquête sur les violences sexistes et sexuelles (VSS), l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) a présenté ce mardi son guide de lutte contre les VSS au sein des études de médecine. Réalisé en collaboration avec la conférence permanente des chargés de mission égalité/diversité (CPED), il a vocation à sensibiliser les étudiants à ces violences, à les prévenir et à apporter des réponses concrètes (ou des relais d'écoute).
Le guide fournit ainsi de nombreuses clés pour réagir aux VSS, « que cela soit en tant que témoin ou victime, sur le moment ou à distance de l’évènement », précise l’Anemf. Celui-ci s'articule autour de trois principaux chapitres : « Comment identifier une VSS » (définition et cadre légal, consentement, « culture du viol »…), « Que faire face à une situation de VSS » (sécurité de la victime, protection, relais) et « Procédures » (aide juridictionnelle, réponse pénale, disciplinaire, ordinale). Objectif affiché : « que plus aucune étudiante ou étudiant victime ne se sente bloqué par la peur de compromettre ses études et sa future carrière », ambitionne l’association.
Omerta et méconnaissance des dispositifs de signalement
L'enquête sur les VSS en 2021 révélait des résultats « très alarmants », observe Chloé Hardt, vice-présidente chargée de la lutte contre les discriminations à l’Anemf. Le défi est colossal : un étudiant en médecine sur trois a été victime de harcèlement au cours de sa vie universitaire et 15 % des carabins ont subi une « agression sexuelle » au cours de leurs études. Or, seules 10 % des victimes signalent ces violences, dont 0,5 % aux dispositifs prévus à cet effet.
Ces chiffres révèlent le manque criant de sensibilisation des étudiants aux VSS, que cela soit à travers « des amphithéâtres dédiés en début d’année ou directement au sein des études (formations ad hoc) », observe Chloé Hardt. Malgré quelques progrès, l’enquête fait état d’une méconnaissance des dispositifs de signalement, des cellules d’écoute universitaires, facultaires et hospitalières. Enfin, ces chiffres mettent en lumière « l’impunité des auteurs » puisque les victimes ne sont « pas écoutées, voire contraintes au silence lorsqu’elles alertent », déplore-t-elle.
Cartographie
En pratique, la première partie du guide accompagne les étudiants de manière didactique pour identifier les violences. La deuxième aborde les outils pour réagir aux situations de VSS. « Cela va permettre aux victimes ou aux témoins d’assurer leur propre sécurité et la sécurité d’autrui dans l’immédiat, avant de bénéficier d'un accompagnement ou d’en proposer un, avec l’accord de la victime », précise Chloé Hardt. Une cartographie interactive des dispositifs de signalement et cellules d’écoute et d’accompagnement est aussi disponible sur le site de l’Anemf.
La dernière partie fait le point sur les procédures (pénales, disciplinaires et ordinales) susceptibles d’être mise sen œuvre. « C’était un gros défi car ces procédures sont très complexes et dépendent du statut de l’auteur de la VSS. S’il est PH ou HU, il ne sera pas poursuivi par la même instance », explique Chiara Bretelle, vice-présidente chargée de la qualité de vie des étudiants.
Côté propositions, l'Anemf souhaite que la sensibilisation aux VSS soit « inscrite dans le cursus universitaire, pour qu’elle ne soit pas optionnelle », plaide Chiara Bretelle. L’association exige aussi que les encadrants (en stage) et les enseignants de la faculté soient formés aux VSS pour dépister les violences et les aider à accompagner les victimes. « Cela commence à se faire mais on voudrait que cela soit plus appuyé, voire que cela devienne obligatoire, notamment pour les HU qui ont des missions d’encadrement », soutient-elle. L’Anemf suggère également que tous les dispositifs de signalement soient présentés au début du cursus universitaire et des stages. « Les cellules d’accompagnement doivent être présentes au niveau de chaque UFR », ce qui signifie « une présence physique dans les lieux », insiste Chiara Bretelle.
Sanctions
Enfin, l’Anemf milite pour l’instauration de sanctions (y compris financières) à l’encontre des établissements hospitaliers déviants, s’il est acquis par exemple que plusieurs signalements ont été ignorés ou n’ont pas permis de changer la situation. Des sanctions qui pourraient aller aussi jusqu’au retrait de l’agrément de stage.
Quelque 15 000 exemplaires du guide seront diffusés dans le cadre d’amphithéâtres de sensibilisation, dès la rentrée 2023.
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