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Dossier

Médecine générale

Les facultés les plus prisées par les internes

Par Amandine Le Blanc - Publié le 16/11/2018
Les facultés les plus prisées par les internes

etudiants
PHANIE

À partir du rang de classement médian aux ECN des internes ayant fait leur rentrée en novembre, Le Généraliste a établi un palmarès des facultés de médecine les plus attractives en médecine générale. Rennes, Nantes et La Réunion ont tiré cette année leur épingle du jeu.

Ils ont été 3 254 internes de médecine générale à prendre leur poste, il y a 15 jours, au sein des 28 facultés de médecine de métropole et d’Outre-mer. Mais entre la fin des épreuves classantes nationales en juin dernier et l'entrée en DES, il a fallu trancher. Cette spécialité a été une évidence pour de nombreux internes, même chez les mieux classés. La médecine générale a presque fait le plein cette année, 95 % des postes ouverts ayant été pourvus. Le choix de la ville d'affectation a pu, en revanche, être problématique.

Si l’on retient le rang médian des candidats aux ECN ayant choisi médecine générale dans chacune des villes (50 % des candidats ayant opté pour cette ville étant classés au-dessus de ce rang, 50 % en dessous), l’Ouest a emporté la palme en 2018. Rennes arrive cette année en première position des villes les plus attractives, devant Nantes et l’Océan Indien (La Réunion, Mayotte). Régulièrement plébiscitées ces dernières années, Rennes, Nantes, Grenoble, Lyon ou Montpellier figurent en tête de ce classement. Nantes perd sa première place de l'an dernier au profit de Rennes, quatrième en 2017. La Réunion fait un bon de quatre rangs (lire ci-dessous). Grenoble et Lyon descendent respectivement d’une et trois places. Le CHU de Besançon, 25e, dégringole avec neuf places perdues. Dijon, dernier du classement l’année dernière, gagne 17 rangs. Mais ces résultats sont à nuancer, puisque plus de 40 % des postes de médecine générale de la faculté de Côte d'Or n’ont pas trouvé preneurs. Alors que des villes comme Besançon ou Amiens, en bas du classement cette année, ont trouvé des volontaires pour tous leurs postes proposés.

Prime à la qualité de vie

Quels critères poussent les internes à préférer certaines villes et à en délaisser d’autres ? Selon Lucie Garcin, présidente de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), le choix est « très interne dépendant », « multifactoriel ». Il ne porte pas seulement sur la formation. « L’un des premiers critères est celui de la bonne qualité de vie. À Nantes, on accède très rapidement à la mer, à Grenoble à la montagne, etc. », souligne le Dr Cyrille Vartanian, enseignant de médecine générale et responsable des stages à Nantes. En effet, la liste des villes de tête colle peu ou prou à celle que les étudiants préfèrent en général. Sarah Ajrouche, en deuxième année d’internat à Rennes, est venue de Bordeaux. L’aspect pratique a pesé au moment de son choix. « La ville est bien desservie, pas trop chère, c’est une région où il fait bon vivre au bord de l’eau, où les gens ont la réputation d’être sympas… », énumère-t-elle.

Un périmètre de stages à taille humaine

L’accessibilité des stages est un déterminant qui ressort aussi de façon significative dans le choix des internes. En effet, dans certaines facultés, les terrains peuvent être difficilement accessibles, et le périmètre très vaste. « Toulouse par exemple est une bonne faculté, mais avec une étendue énorme. Les internes peuvent faire jusqu’à 250 kilomètres pour aller d’un lieu à un autre », explique le Dr Vartanian. Ce problème ne se pose pas à Rennes ou à Nantes. « Sur la région, nos terrains de stage ne sont que sur deux départements », souligne Matthieu Martin, président du Syndicat des internes de médecine générale de l'Ouest. Car en dehors des stages, les internes doivent pouvoir revenir dans leur faculté pour l’enseignement théorique.

Des départements dynamiques

Bien entendu, le dynamisme et la qualité des départements de médecine générale rentrent aussi en ligne de compte. « Je m’étais renseigné et j’avais pu voir que le DMG proposait surtout des cours en présentiel, une formation très pratique, et que tous les internes étaient encadrés », explique Sarah Ajrouche. « À Nantes, la médecine générale n’est pas dévalorisée comme dans d'autres villes où le choix de cette spécialité est considéré comme un échec », souligne Matthieu Martin. « La qualité de l’enseignement, avoir un DMG engagé et des moyens, assez d’enseignants notamment, jouent sur le choix des internes », confirme le Dr Vartanian.

À Nantes et à Rennes, les internes soulignent la qualité des stages et surtout l’absence de terrains de stage épouvantails. « Même pour les étudiants un peu plus bas dans le classement, les stages sont de qualité équivalente », indique Sarah Ajrouche. « Je peux être rassurant avec eux, car il n’y a pas de terrain où l’on se rend à reculons », assure Matthieu Martin. Le syndicaliste met aussi en avant un département attentif à ses étudiants, qui se préoccupe d'éventuels problèmes personnels ou en stage. La bonne réputation de certains départements de médecine générale fait aussi effet boule de neige. « Les internes regardent les rangs limites des années précédentes et doivent se dire que c’est plutôt positif », note Matthieu Martin.

Le dynamisme des associations d’internes peut aussi permettre d’attirer les futurs généralistes. « Nous avons une visibilité importante sur Internet et les réseaux sociaux et nous communiquons pendant l’été l’ensemble des informations disponibles qui sont aussi sur notre site. Le fait de répondre aux inquiétudes des futurs internes peut aussi jouer dans leur décision », estime Matthieu Martin.

Même si le choix des internes est en partie déconnecté du travail des départements, ces derniers sont malgré tout attentifs à leur classement, parfois source de motivation ou de remise en question. « Je pense que les départements regardent ces classements. Tout en restant humbles, à Nantes nous sommes très fiers de notre bonne position depuis des années », confirme le Dr Vartanian.

Dossier écrit par Amandine Le Blanc