Confrontés à la pénurie de médecins, les élus locaux ont été contraints ces dernières années de se saisir des questions d’accès aux soins. En période de campagne pour les municipales, les 15 et 22 mars prochains, c’est même devenu un argument électoral.
Les jeunes et futurs médecins ont donc décidé de s'adresser aux élus locaux et de couper court aux velléités de coercition de certains, en leur proposant un guide pour l’accès aux soins avec des propositions concrètes. L’association des étudiants en médecine de France (Anemf), les syndicats des internes en médecine générale (Isnar-IMG) et des remplaçants et jeunes généralistes (ReAGJIR), ont publié mardi un document expliquant aux élus locaux qui sont les jeunes médecins : leur parcours de formation, leurs attentes… et un ensemble de propositions concrètes pour faire avancer la question de l’accès aux soins « sans excès ni surenchères ».
Inciter les médecins installés à devenir MSU
Avant même l’entrée dans les études supérieures, les structures de jeunes médecins, suggèrent notamment aux élus de sensibiliser les lycéens des zones périphériques et rurales aux études de médecine et de proposer une aide aux néobacheliers qui en ont besoin pour levers les « obstacles matériels, scolaires et financiers » pour l’accès aux études de médecine. Des enquêtes comme celle de l’Isnar le montrait encore récemment, les stages dans les territoires sont un déterminant important pour donner envie aux futurs médecins de venir s’y installer. Que ce soit dès l’externat ou pendant l’internat, les structures jeunes recommandent le développement des stages en cabinet, dans les territoires. Un objectif qui demande notamment le recrutement de nouveaux maîtres de stage. Le guide suggère donc aux élus de participer aux coûts associés à la formation de maître de stage (comme par exemple les frais de déplacement), de soutenir l’organisation de formations délocalisées sur leur territoire ou encore de conditionner certains de leurs dispositifs de soutien à l’installation à un engagement du médecin à devenir MSU.
Faire l'article de son territoire
Pour pouvoir attirer les étudiants dans leurs régions, communes etc, il est important que les élus locaux fassent découvrir aux étudiants « la richesse d’un territoire et tout ce qu’il peut apporter professionnellement et personnellement ». Organiser des soirées d’accueil ou des journées découvertes des communes et départements est un plus, mais le guide souligne aussi l’importance de faciliter la vie des futurs médecins au niveau des transports et logements. Aider l’accès aux services de transports en commun pour la population étudiante dans les villes universitaires ou mettre en place un Hébergement Territorial des Étudiants en Santé (HTES) que ce soit pour les externes ou les internes font partie des recommandations du guide. Le guide donne notamment des exemples d’initiatives déjà mises en place comme le projet d’hébergement hôtelier pour les étudiants en santé à Morlaix, ou la villa des internes sur le Roannais. En plus de la promotion des bourses déjà existantes pour les étudiants comme le CESP, les collectivités territoriales peuvent également proposer leurs propres bourses ou indemnités de stages aux IMG et aux externes.
Ne pas céder à la surenchère financière
Une fois les études achevées, pour aider les jeunes médecins à franchir le pas de l’installation, le guide souligne l’importance d’un accompagnement pour la concrétisation des projets avec notamment la mise en place d’un guichet/interlocuteur unique installation. En plus des aides à l’installation qui peuvent déjà être versées par l’État ou l’Assurance maladie, le guide explique que les collectivités peuvent aussi mettre en place des financements pour aider les professionnels de santé mais « à condition que le territoire soit considéré par l’ARS comme zone fragile ». Une manière de mettre en garde contre les tentations de surenchères auxquelles se livrent parfois les collectivités, et de rappeler que les aides financières « sont loin d’être le facteur principal » d’installation pour les jeunes médecins.
Soutenir l'interprofessionnalité
La jeune génération a également des attentes qui évoluent par rapport à celles de leurs aînés, ils souhaitent notamment travailler à plusieurs et en interprofessionnalité. Le guide recommande donc aux élus de soutenir les initiatives pour la mise en relation entre professionnels de santé, comme la création de MSP, centres de santé ou CPTS. Les jeunes et futurs médecins ayant une appétence plus grande pour l’exercice mixte, le document met en avant l’initiative gouvernementale des 400 médecins à exercice partagé et conseille aux collectivités de participer au recensement des postes et à la communication autour du projet. Enfin, le guide encourage à développer le numérique et notamment la télémédecine en créant des lieux de téléconsultation et en mettant en réseau les professionnels et établissements intéressés par ces projets.
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