Accident de Millas : une avocate rejette la faute sur les médecins, la profession s'indigne

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Publié le 08/10/2018
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Un an après l'accident d'autocar de Millas (Pyrénées-Orientales), qui a coûté la vie à 6 collégiens, l'enquête se poursuit. Si les résultats d'expertise judiciaire rendus début octobre ont mis en cause la conductrice du bus, l'avocate des victimes Me Jehanne Collard a affirmé à France Info, que « les vrais responsables sont probablement les médecins »

Le 14 décembre 2017, un autocar de collégiens était entré en collision avec un Train express régional (TER) à un passage à niveau, faisant six victimes. Les récentes expertises mettent en cause la conductrice de 48 ans : « L'origine de cet accident provient d'un freinage tardif » et non d'une défaillance de la barrière SNCF, ont conclu les experts. La conductrice était sous traitement somnifère depuis sept ans.

Prescription et contrôle pointés du doigt

Ce traitement médicamenteux pose la question de la responsabilité des médecins de la conductrice, selon Me Jehanne Collard : « Le problème doit se poser du travail des médecins : le généraliste – qui lui a prescrit des somnifères, dont les effets secondaires sont graves pour les personnes qui conduisent –, du médecin du travail, qui était informé et qui l'a déclaré apte à la conduite. Donc la responsabilité de tous ces médecins qui sont intervenus semble évidente et probablement plus importante que celle de la conductrice », estime-t-elle.

La mise en cause des médecins dans l'affaire de Millas a rapidement fait réagir les représentants de la profession. « Si la société les rend coupables de tous les accidents de la route, accidents du travail ou accidents domestiques qui se produisent chaque jour, il deviendra vite impossible aux médecins d’exercer leur métier », prévient le syndicat de MG France, le Dr Jacques Battistoni. Le syndicat de généralistes s'interroge sur la nécessité de mettre en arrêt de travail tous les patients sous psychotropes : « Pour se protéger de poursuites judiciaires, sera-t-il nécessaire de mettre en arrêt de travail de longue durée tous les patients présentant une souffrance psychique et ayant besoin d’un traitement ? »

Rôle de mise en garde du médecin traitant

Interrogé par le Généraliste, le directeur médical de la MACSF, le Dr Thierry Houselstein, estime que l'avocate de la défense est allée « très loin » dans ses accusations. Selon lui, le médecin traitant, « est là pour traiter une pathologie et doit informer la patiente sur les risques de somnolence. Il y a déjà un pictogramme sur la boîte du médicament, ce n'est pas pour rien », explique-t-il. Selon lui, les affaires similaires que la MACSF a eues à traiter n'ont jamais abouti à une mise en cause du médecin : « Des avocats sont venus chercher la responsabilité des prescripteurs ou de ceux qui ont délivré les médicaments comme les pharmaciens mais il y a toujours eu une absence de responsabilité pour nos sociétaires », assure-t-il.

Sur Twitter, les réactions de soutien aux médecins de la conductrice ont été nombreuses suite aux déclarations de Me Jehanne Collard. « Nous allons nous rapprocher du ou des médecins de la conductrice du bus, afin de les défendre ! Il n’est pas question de laisser passer ces raccourcis infamants », s'est indigné le président de l'UFML-S Dr Jérôme Marty.

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr