Les différentes sessions du Grand débat un peu partout en France ont montré que la pression pour la coercition à l’installation des médecins se fait de plus en plus pressante, à la fois par les élus locaux mais aussi les habitants fatigués de ne pas trouver de praticien.
Conscient des difficultés d’accès aux soins, le syndicat des jeunes médecins généralistes et remplaçants ReAGJIR se dit prêt à s'engager pour améliorer l'accès aux soins tout en défendant la liberté d’installation. Le syndicat propose à la place de la contrainte, une batterie de mesures pour repenser le début d’exercice des médecins généralistes et aider notamment à leur installation. « Nous payons aujourd’hui le manque d’anticipation des pouvoirs publics depuis des années et si l’on n’actionne pas aujourd’hui tous les leviers à la fois nous n’allons pas y arriver », estime le Dr Yannick Schmitt, président de ReAGJIR.
Allongement de l'internat
Et le premier levier pour la structure est celui de la formation. Le syndicat est en effet favorable à l’ajout d’une 4e année au DES de médecine générale, à condition que celle-ci soit réellement professionnalisante. « Il faut qu’elle permette une formation à la profession de médecin en tant qu’entreprise libérale notamment », explique le Dr Schmitt. Pour ReAGJIR, cette quatrième année pourrait également être l’occasion de favoriser une expérience à l’étranger en mobilité. Le mode de rémunération des internes durant cette année supplémentaire devra aussi être repensé. La structure évoque par exemple la mise en place d’un revenu minimum garanti et une protection sociale adaptée, sans que cela ne soit considéré comme une première installation afin de pouvoir par la suite malgré tout bénéficier des aides à l’installation.
Pour pouvoir envisager une quatrième année d’internat, le syndicat est conscient qu’il faudra largement augmenter le nombre de maîtres de stage universitaires (ils sont environ 9 500 aujourd'hui). Cette augmentation serait possible, selon le syndicat, en supprimant ou diminuant le nombre d’années d’exercice nécessaires pour devenir MSU ou en augmentant le nombre d’heures de formation à la maîtrise de stage indemnisées dans le cadre du DPC. Par ailleurs ReAGJIR souhaiterait que les internes ne puissent obtenir leur licence de remplacement qu’après avoir réalisé leur stage en autonomie (Saspas). Actuellement, ils peuvent remplacer après la validation du stage de niveau 1 et trois semestres.
Conventionnement des remplaçants
Selon les jeunes généralistes, le statut des remplaçants doit aussi être repensé si l’on veut vraiment encourager la transition vers l’installation. « Aujourd’hui, il ne rentre dans aucune case, on les oublie à chaque fois », considère Laure Dominjon, président de ReAGJIR Ile-de-France. « Si l’on simplifie les conditions d’exercice des remplaçants ils auront d’autant plus d’appétit pour s’installer, mais aujourd’hui on fait l’inverse. On leur rend la vie difficile pour qu’ils s’installent plus vite », souligne le Dr Yannick Schmitt. ReAGJIR demande donc notamment le conventionnement des remplaçants, l’accès aux formations DPC ou la création d’une Rosp spécifique du remplaçant pour valoriser leur participation à la permanence des soins.
Enfin, la structure syndicale donne des pistes pour améliorer les conditions d’installation et aider les généralistes à sauter le pas. Favoriser l’exercice mixte ou réviser le contrat de collaboration peuvent notamment aider en ce sens. ReAGJIR suggère également de réviser le contrat incitatif de praticien territorial de médecine générale (PTMG). « Depuis la mise en œuvre de l’avantage supplémentaire maternité, il a perdu une partie de son attrait », explique le Dr Schmitt qui évoque l’idée d’une prise en charge totale des cotisations sociales, soit la part CAF et Assurance Maladie restante et une partie de la retraite.
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