Une petite ligne dans un tableau peut provoquer de grandes inquiétudes. Les syndicats de médecins libéraux ont découvert avec stupeur quels moyens le gouvernement projetait de leur allouer l'an prochain en feuilletant mardi le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021. « Hausse de la rémunération des professionnels de santé libéraux : 300 millions d'euros. » On est loin des près de 8 milliards d'euros injectés par le gouvernement cet été pour revaloriser le secteur hospitalier.
Et s'ils ont officiellement peu réagi ces derniers jours, les représentants de la profession sont pourtant très en colère, comme ils l'ont exprimé au Généraliste.
« On peut imaginer que la moitié de ces 300 millions s'adressent à la médecine libérale, estime le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Si c'est cela, cela signifie que la négociation conventionnelle s'annonce impossible. Le sort du Ségur des libéraux est scellé ! »
Le patron de la Confédération se veut alarmiste face à ce qu'il considère être du « mépris » pour la médecine de ville. « Il n'y a rien sur la table ou presque, je suis très inquiet. Si cela se confirme, nous allons entrer dans une période de conflit dur avec le gouvernement. »
Beaucoup de mauvais signaux
Les mauvais signaux s'amoncelaient depuis quelques semaines. Après le Ségur de la Santé, le ministre de la Santé a fixé une feuille de route à l'Assurance maladie qui ne prévoit que de maigres perspectives de revalorisations pour les médecins libéraux (pour quelques spécialités cliniques et sur la visite à domicile). Olivier Véran a écarté toute revalorisation du C. Et le budget de la Sécu prévoit de repousser de deux ans la négociation de la future convention après l'élection présidentielle de 2022.
Le Dr Jacques Battistoni, président de MG France exprime aussi sa déception. « Avec 150 millions d’euros pour l'ensemble des médecins, vous ne faites pas grand-chose, se désole-t-il. Vous pouvez par exemple revaloriser la majoration de déplacement pour les visites de 7,50 euros. Ensuite vous avez tout dépensé, il n’y a plus rien, plus un sou. Si vous mettez cela en regard des attentes des professionnels de santé, de ce qu’on a donné pendant le Ségur de la Santé : on se rend bien compte qu’on est loin de pouvoir répondre aux aspirations des médecins. »
Les médecins libéraux ne comprennent pas ce deux poids, deux mesures. « Avec ce gouvernement, il n'y a que l'hôpital qui compte, je suis furieux, c'est un scandale, lâche le Dr Philippe Vermesch, président du SML. On ne propose que de revaloriser les CPTS, ça nous laisse amers. »
Le problème a été évoqué avec Thomas Fatome lors de la négociation conventionnelle de mercredi. Interrogé à l'issue de la séance, le directeur de l'Assurance maladie a botté en touche. « Il faut interroger le ministère de la Santé, nous ne construisons pas le PLFSS, nous le mettons en œuvre », a-t-il déclaré.
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