Ambiance de trêve hivernale dans les locaux de l’Assurance-maladie ce jeudi 21 décembre à l’issue de la deuxième rencontre multilatérale entre les partenaires conventionnels. Les syndicats médicaux ont grincé des dents lorsque le directeur général Thomas Fatôme a d’emblée prévenu que ce ne serait pas aujourd’hui qu’il annoncerait un quelconque montant de revalorisation de la consultation de médecine générale. Mais les discussions, comme lors de la première réunion plénière de novembre, ont rapidement repris dans un esprit de concorde. « C’est bien simple, on n’a pas vu le temps passer », confie la Dr Sophie Bauer, au sortir de ces quatre heures et demie d’échange.
Menu de Noël riche
Il faut dire que le menu était plutôt riche : forfait médecin traitant, règles transversales aux spécialités, définition des objectifs et des priorités en termes de pertinence et de qualité des soins, revalorisations des actes cliniques et techniques… « Le gros des échanges a été centré sur le forfait patientèle médecin traitant », (FPMT) explique le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S. La caisse est prête à y injecter 100 millions d'euros. Insuffisant, juge la Dr Agnès Giannotti, présidente de MG France. « L’inflation, c’est 20 %. Ce serait logique que le FPMT augmente d’autant ».
« La Cnam veut qu'on prenne plus de patients médecin traitant mais on n'a toujours pas abordé la valorisation de la consultation, ce qui est essentiel pour nous », insiste pour sa part la Dr Patricia Lefébure, présidente de la FMF.
Un C au-delà des 30 euros ?
Comme ses consœurs, le chef de file de l’UFML-S veut lui aussi enfin savoir combien la Cnam compte mettre sur la table pour la revalorisation du C. « Le DG nous a indiqué qu’il nous le dira lors de la prochaine rencontre multilatérale programmée le 25 janvier. Il nous a aussi laissé entendre qu’il en avait sous le pied ». La lettre clé des généralistes libéraux pourrait-elle dépasser les 30 euros que MG France pose comme préalable incontournable à toute possible signature ?
C’est en tout cas ce que veut croire la Dr Mélanie Rica-Henry, même si la présidente du collectif Médecins pour demain dit « rester sur [s]a faim. On ne connaît toujours pas le montant de l’enveloppe globale, mais il semblerait que la caisse dispose de marges de manœuvre financières », espère-t-elle. « Fin janvier, on rentre dans le dur », renchérit avec gourmandise le Dr Marty.
Grise mine du côté des « juniors »
En revanche, les syndicats juniors font plutôt grise mine. À l’image du président du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (Reagjir). « La précarité du statut des remplaçants n’a été abordée qu’une seule fois au cours de cette réunion, à travers le prisme des aides à la primo-installation dans les zones sous-dotées », se désole le Dr Raphaël Dachicourt. Ces aides pourraient prendre l’une de ces deux formes dans le cas d’une installation en zone d’intervention prioritaire (ZIP) : une prime ponctuelle de 10 000 euros ; une majoration de 30 % du forfait patientèle médecin traitant pendant deux ans. « Un recul par rapport à l’an passé où la formule prévoyait aussi des aides aux primo-installations dans les zones d’action complémentaire (ZAC) », rappelle le Dr Dachicourt. Qui entend par ailleurs pousser dès janvier le cheval de bataille principal de son syndicat : le conventionnement des généralistes remplaçants.
Pas de spécialités sur le côté
Et les médecins spécialistes dans tout ça ? À cette question directement posée, le patron d’Avenir Spé, le Dr Patrick Gasser, déclare « ne pas être inquiet ». Il est vrai que Thomas Fatôme a publiquement expliqué qu’au-delà de la situation des spécialités en tension, comme la pédiatrie et la psychiatrie, il entendait équilibrer les avancées conventionnelles entre les généralistes et les spécialistes. « Nous sommes aussi plus nombreux en volume que les généralistes. Je suis confiant : nous serons entendus », glisse le Dr Gasser. Rendez-vous en janvier 2024.
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