Alors que le nombre de patients en affection de longue durée sans médecin traitant était passé de 510 000 fin 2018 à 714 000 fin 2022, la courbe semble en passe de s'inverser. Depuis le lancement en mars dernier du dispositif « d'aller vers » de l'Assurance-maladie, quelque 53 000 patients chroniques auraient déjà retrouvé un médecin traitant, selon le site « Contexte ».
Pour autant, unanimes, les syndicats représentatifs des médecins libéraux ont annoncé qu'ils refuseraient de se rendre jeudi prochain au ministère de la Santé pour assister au comité de pilotage du plan d'action concernant les patients en ALD sans médecin traitant. « Loin d’être un véritable plan pérenne pour renforcer durablement l’accès aux soins primaires, il s’agit avant tout d’un plan de communication s’appuyant sur l’engagement sans faille des médecins, mais sans leur témoigner la moindre reconnaissance », taclent les organisations.
Ce dispositif, d'abord testé dans le Val-de-Marne, consiste à ce que les caisses primaires contactent individuellement – par mail ou par courrier – les malades chroniques sans médecin traitant. Ensuite, les caisses vont solliciter, au cas par cas, les généralistes qui auront vu un même patient au moins trois fois dans l'année pour leur proposer de devenir leur médecin traitant. « Une politique d'affichage » dénoncent dans un communiqué commun la CSMF, le SML, la FMF, l'UFML, MG France et Reagjir.
« Attaques incessantes »
Mais surtout, ce boycott concerté de la convocation du ministère relève d'une manière des syndicats de protester contre « les attaques incessantes qui finiront sans aucun doute par provoquer une fuite massive de leurs effectifs vers d’autres modes d’exercice, la dernière en date étant la mise en cause pour leurs prescriptions d'arrêts de travail, avec une volonté assumée de Bercy d'en diminuer le nombre, au détriment des patients ».
Allusion à la volonté de la Cnam de renforcer la chasse aux IJ en ciblant en priorité un millier de « forts prescripteurs » d'arrêts de travail (pour d'éventuelles mises sous objectifs – MSO), tandis que 5 000 généralistes traitants seront convoqués à des entretiens confraternels sur ce sujet et 15 000 en tout recevront au moins une visite de délégués de l’assurance-maladie pour les avertir d’une pratique excessive. Une campagne de contrôle qui ne passe pas alors que les mêmes généralistes sont incités à prendre de nouveaux patients en ALD.
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