Mais pouvait-on laisser les jeunes hors du coup ? À chaque fois que de nouvelles négociations conventionnelles démarrent, la question se pose immanquablement. Cette fois, Nicolas Revel a trouvé la solution en organisant mercredi une matinée qui leur était spécifiquement dédiée. Apparemment, cette initiative - qui avait d’ailleurs été précédée de contacts bilatéraux - a satisfait à peu près tout le monde. Les représentants des futurs médecins ont trouvé là l’occasion de faire entendre leur partition. Et les syndicats représentatifs n’y ont rien trouvé à redire. On est loin des psychodrames qu’on a connus. Trois p’tits tours et puis s’en vont ? Pas si sûr. Car les jeunes ne sont pas des marionnettes, toujours prêts qu’ils sont à se mettre en alerte, si d’aventure le tour pris par les discussions leur déplaisait. Et puis, ce n’est pas faire injure à la majorité de nos lecteurs que de rappeler qu’il est plus facile de mettre en branle des internes en colère que des médecins installés.
Du fait de cette capacité de mobilisation et de tapage, les jeunes ont déjà bordé, mine de rien, une partie de la négociation. Pas question, par exemple, de toucher de près ou de loin à la liberté d’installation. Qui s’y frotte s’y pique ! Ceux qui se sont engagés dans cette voie ont dû reculer la queue basse. Marisol Touraine ayant, pour sa part, médité la leçon, en dépit des appels du pied répétés d’élus de la ruralité, y compris dans son propre camp. La Sécu non plus n’a jamais osé calquer sur les médecins le dispositif infirmier, selon la règle une installation pour un départ en zone excédentaire. Pour Nicolas Revel, comme pour vos représentants, il va donc falloir être subtil pour mettre en place des incitations fortes sans donner le sentiment de toucher à ce dernier pilier du libéralisme encore 100 % intact.
À la vérité, c’est d’ailleurs le seul auquel les jeunes médecins, généralistes notamment, tiennent vraiment. Plus encore que leurs aînés, ils plaident pour un exercice intégré et pluridisciplinaire car ils veulent concilier travail d’équipe et temps pour eux. Le modèle cadre bien avec les maisons de santé, la moyenne d’âge des participants aux dernières Journées des MSP en atteste. Et les nouvelles pousses de la profession ne font pas non plus la moue sur la médecine salariée. Ils se veulent aussi demandeurs de davantage de protection sociale et mieux-disant sur la ROSP et les forfaits. Tout cela pourrait-il faire un nouveau deal conventionnel ? Nicolas Revel pourrait en tirer argument. Mais que diront ses partenaires syndicaux ?
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