La liberté d'installation a donné lieu à une bataille de citations philosophiques, dans la nuit de mercredi à jeudi, à l’Assemblée nationale. Nietzsche a été cité par la ministre de la Santé, Sénèque par le député Philippe Vigier, quand d’autres reprenaient Nelson Mandela ou... Coluche. Chacun y est allé de son bon mot pour défendre sa position sur la liberté d’installation des médecins.
C’est à une heure très tardive vers 1 heure du matin hier qu’étaient mis en débat les nombreux amendements de députés de tous bords proposant coercition ou conventionnement sélectif, sous différentes modalités et pour des durées diverses.
Dans un climat assez tendu, Agnès Buzyn est montée au créneau pour répondre à ces nouvelles attaques contre la liberté d’installation des médecins, devenues monnaie courante lors de l'examen des derniers projets de lois de santé. « Nous poursuivons un objectif commun, celui de rendre plus facile accès aux soins sur le territoire et de réduire la fracture territoriale », a-t-elle entamé. La ministre a reconnu qu’il n’existait pas de solution miracle mais que la coercition représentait le risque de « résultats plus qu’incertains » et de « rendre inopérants tous les autres leviers ».
Buzyn pas fan de l'incitation
Face à la coercition, la ministre de la Santé n’a cependant pas souhaité y opposer l’incitation. « Je n’ai pas supprimé les incitations car tout le monde hurlerait (…) mais je ne suis pas forcément favorable aux incitations financières. Je pense que les professionnels aiment leur métier, ils ont envie de s’engager et penser que pour telle ou telle raison financière, nous allons les amener à s’installer quelque part n’est pas un très bon argument. Ils ne s’en sentent pas flattés », a-t-elle argumenté. Elle a également exprimé des doutes sur le système de zonage, évoquant « leurs effets pervers ».
Plutôt qu’une question d’argent, Agnès Buzyn a défendu à travers son projet de loi, « une amélioration de la qualité de vie au travail », qu’elle a illustré pas la pluriprofessionnalité ou encore la récupération du temps médical. « Nous allons assimiler ces territoires sous-denses à une punition alors que nous essayons justement de faire comprendre que l’exercice peut y être intéressant quand il est partagé », a-t-elle souligné.
Détricotant les arguments de chaque amendement, Agnès Buzyn a également mis en avant le caractère profondément injuste de ces mesures pour la jeune génération. « Est-ce le message que l’on veut envoyer à notre jeunesse ? C’est inéquitable de vouloir leur imposer des choses que l’on n’a pas imposées aux médecins précédents », a-t-elle estimé.
Les syndicats de médecins ont été très attentifs aux débats, certains à l'instar du Dr Jean-Paul Ortiz ayant suivi en direct les échanges au Palais Bourbon.
Présent cette nuit à l’assemblée nationale: liberté d’installation remise en cause +++. Non à la coercition Non aux fausses solutions Danger
— Jean-Paul Ortiz (@drjportiz) March 21, 2019
Sans surprise, les amendements ont finalement été rejetés tard dans la nuit et à nouveau tôt ce matin. L'Intersyndicale des internes en médecine générale (Isnar-IMG) a exprimé son soulagement à l'issue du vote.
Les futurs généralises saluent les votes de l'@AssembleeNat qui repoussent les propositions démagogiques délétères pour l'accès aux soins. Retrouvez nos propositions -> https://t.co/su3laAwpob#Agirpoursoigner #Libredesinstaller
— ISNAR-IMG (@ISNARIMG) March 21, 2019
Cc @agnesbuzyn @MESNIERThomas @stephanie_rist https://t.co/MwdUMGWPpc
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