Mobilisation générale pour l’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS) et la Fédération nationale des centres de santé (FNCS, gestionnaires). En cause, la menace de « fermetures imminentes » en raison de difficultés financières de sept centres de santé : le centre Richerand (Paris) et six établissements de soins pilotés par la Croix-Rouge, dans la capitale et dans les Hauts-de-Seine. En tout, ce sont ainsi des dizaines de milliers de patients qui risquent, fin juin, de se retrouver sans médecin traitant, s’inquiètent, ce lundi 10 juin, les deux organisations. Qui en appellent conjointement aux soutiens financiers de la Ville de Paris, de l’ARS Île-de-France, de la Région et de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Crainte d’un recours accru aux urgences
Argumentaire à l’appui. L'Île-de-France où vivent plus de 12 millions de personnes est en effet un désert médical en termes de soins primaires et d'accès aux soins. « Les fermetures de ces centres de santé, qui ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires, ne feront que rendre l'accès aux soins encore plus difficile pour les plus vulnérables », insiste le Dr Frédéric Villebrun, co-président de l’USMCS. Pire, elles entraîneront « inévitablement un recours accru à des urgences hospitalières déjà saturées », prédit la Dr Hélène Colombani, présidente de la FNCS.
Cette dernière prend l’exemple du centre de santé pluriprofessionnel Richerand. Situé dans le 10e arrondissement de Paris, il accueille 20 000 patients par an et réalise 54 000 consultations annuelles. Il a développé sur son territoire un partenariat ville-hôpital au service de tous, salué pour son innovation et son efficacité. Ce qui ne l’empêche pas de faire partie des sept structures qui pourraient mettre la clé sous la porte d’ici la fin du mois. Pertes financières trop importantes. La Croix-Rouge avance un déficit cumulé de 48 millions d’euros pour ses six centres, « mais sans que l’on connaisse véritablement la période dans laquelle s’inscrit ce montant. Dix ans, quinze ans, voire davantage ? », contextualise le Dr Villebrun.
Plan de sauvegarde
La mairie de Paris sera-t-elle la première à venir à la rescousse ? La municipalité avait fait part de sa volonté d’aider les centres associatifs de la capitale en grande difficulté financière en annonçant, début mars, le déblocage d’une enveloppe de 500 000 euros pour aider à la rénovation du centre Richerand. Un autre centre, situé dans le 20e arrondissement, devait également bénéficier de subventions municipales. « Ces centres sont le dernier maillon de l’accès aux soins, ils ne doivent pas disparaître. […] Nous allons créer sept nouveaux centres de santé municipaux à l’horizon 2026 », déclarait alors Anne-Claire Boux. L’adjointe à la mairie de Paris chargée de la santé avançait l’objectif d’une augmentation de 30 % du volume de consultations dans les centres de santé de la capitale d’ici à 2026. Mais ce mois de juin, l’urgence s’est faite bien plus pressante. Et afin d’éviter ce qui s’apparenterait à « une catastrophe sanitaire », l’USMCS et la FNCS demandent la mise en place immédiate d'un plan de sauvegarde pour les centres de santé menacés, dans l’attente d’explorer avec les autorités publiques et les acteurs de la santé toutes les solutions qui garantissent la pérennité de leurs activités et de leurs missions.
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