Coronavirus : l'Ordre met en garde contre les expérimentations « suscitant de faux espoirs de guérison »

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Publié le 24/04/2020
Ordre des médecins

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) a mis en garde ce jeudi « une vingtaine » de médecins libéraux qui testent sur leurs patients un cocktail de traitements contre le Covid-19 dont l'efficacité n'est pas prouvée, les invitant à ne pas « susciter de faux espoirs de guérison ». En début de semaine, l’Ordre avait été interpellé par le collectif FakeMed. Celui-ci réclamait à l’institution de « dénoncer », voire de « sanctionner », tout « protocole sauvage » ne respectant ni éthique, ni déontologie.

« Les signalements qui nous ont été rapportés de traitements non éprouvés [contre le nouveau coronavirus] sont multiples, tombent dans l'espace public avec des espoirs infondés qui peuvent naître », a indiqué jeudi à l'AFP le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Cnom.

Plusieurs médecins se sont exprimés publiquement ces derniers jours (notamment dans Le Parisien et l'Est Républicain) pour affirmer l'efficacité du traitement prescrit « de manière empirique » à leurs patients présentant des symptômes de Covid-19 : pour certains, un antihistaminique, pour d'autres, un cocktail combinant azithromycine, zinc et un traitement de l'asthme.

Les CDOM chargés de recueillir des explications

L'Ordre indique dans un communiqué avoir « invité » les conseils départementaux de l'Ordre (CDOM) où sont inscrits les médecins concernés « à recueillir les explications de leurs confrères sur leurs dits protocoles et à leur rappeler leurs obligations déontologiques ». S'ils constatent des manquements, les conseils départementaux peuvent alors transmettre les dossiers des praticiens concernés aux instances disciplinaires de l'Ordre, en vue d'éventuelles sanctions.

Ce rappel des « règles en vigueur » s'adresse à « l'ensemble des médecins qui enfreindraient ces règles de déontologie (...) quelles que soient leur expertise, leur spécialité et leur notoriété », ajoute le Dr Mourgues.

En outre, le Cnom précise avoir « informé l'ANSM de ces protocoles qui s'inscrivent en dehors de la législation en vigueur », les qualifiant de « protocoles de recherche cliniques illégaux ». « Sur un plan humain, on peut comprendre la détresse autour de cette pandémie qui engendre une mortalité qu'on n'a pas connue depuis fort longtemps, (...) pour autant il ne faut pas faire courir au patient un risque injustifié, pour des bénéfices non documentés », souligne le Dr Mourgues. Et celui-ci de conclure : « il ne faut pas que la compassion entraîne des dérives dans la prescription ».

(Avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr