La France recense aujourd’hui 290 974 médecins et globalement, les effectifs ont augmenté de 1,8 % l’année dernière et de 15 % en dix ans. Mais pour les généralistes, les chiffres sont bien différents. Aujourd’hui au nombre de 88 137 en activité régulière, tous modes d’exercice confondus, les médecins de famille ont vu leur effectif baisser de 9,1 % depuis 2007. Pis, le Cnom ne prévoit pas d’amélioration dans les années à venir, bien au contraire. D’après son analyse, la baisse devrait se poursuivre jusqu’en 2025 et la population des généralistes pourrait se réduire encore de près de 10 000 têtes pour atteindre le nombre de 79 262 généralistes en activité régulière.
Des disparités régionales
Si la tendance baissière est largement généralisée, il faut malgré tout souligner des disparités géographiques, avec quelques départements qui tirent leur épingle du jeu mais aussi d’autres qui plongent plus que les autres. À l’exception des DOM (Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Mayotte), le département de Loire Atlantique est celui qui voit la plus grande augmentation de ses effectifs, +9 %, sur les sept dernières années. Juste à côté, le Maine-et-Loire est aussi en positif. Sans surprise, ce sont principalement les départements du littoral qui parviennent à attirer les généralistes. Les Pyrénées Orientales et Atlantiques, la Charente Maritime, les Landes et la Corse du Sud ont donc aujourd’hui tous davantage ou autant de généralistes qu’en 2010. Certains départements bretons semblent aussi sur la pente ascendante : c’est le cas de l’Ille-et-Vilaine, du Finistère et du Morbihan, alors même que les Côtes d'Armor perdent des généralistes avec pour conséquence un bilan négatif pour la région Bretagne dans sa globalité . À l’est de la France, la Savoie et Haute-Savoie font aussi partie des départements en hausse avec respectivement 8 % et 3 % d’augmentation de leurs effectifs entre 2010 et 2017.
À côté de ces quelques bonnes nouvelles, le reste de la carte de France des généralistes n’a rien de réjouissant. Ça baisse partout, et dans certains départements, ça baisse beaucoup. Dans une douzaine d’entre eux, la perte se chiffre en moyenne à un généraliste sur cinq depuis 2010. La Nièvre est ainsi le plus touché, avec une diminution de 27 % de ses effectifs depuis sept ans, alors même que le nombre d’habitants diminuait lui aussi de 5 %. La ville de Paris suit de peu, avec la perte d’un généraliste sur quatre depuis 2010 : compte tenu d'une population constante, la capitale tend donc à confirmer son nouveau statut de premier désert médical de France. L’Indre et l’Yonne complètent ce triste podium, avec une baisse de 24 % des effectifs de généralistes. D’après l’analyse du Cnom, certains territoires semblent cumuler les difficultés : « les populations âgées de 60 ans et plus consomment plus d’actes et se situent dans des territoires en densité faible dont les distances d’accès à un médecin généraliste sont supérieures à la moyenne nationale », souligne ainsi l’Ordre. Ce sont également les régions où la couverture numérique est la plus faible tout comme le révenu médian. Au-delà des effectifs purs, la diagonale du vide qui va des Ardennes aux Pyrénées Orientales accumulent donc les difficultés dans l'accès aux soins.
Une décrue générale, et des Départements en forte baisse depuis 2010
Depuis 2010, dans une douzaine de départements, la perte se chiffre à au moins un généraliste sur cinq. La Nièvre est le plus touché, avec une diminution de 27 % de ses effectifs depuis sept ans. Paris suit de peu, et tend à confirmer son nouveau statut de premier désert médical de France. L’Indre et l’Yonne complètent ce triste podium, avec une baisse de 24 % des effectifs de généralistes.
Plus de salariés et de remplaçants
Au-delà des variations globales du nombre de généralistes, l’Atlas du Cnom témoigne aussi des évolutions de la spécialité. Et suggère que la crise est plus grave pour la médecine générale libérale. En effet, ces dernières années, le salariat continue de gagner du terrain. 37 % des médecins généralistes en activité régulière sont aujourd’hui dans le salariat, soit 32 611 médecins. Cette proportion a augmenté de 10% en dix ans alors que dans le même temps celle de libéraux diminuait de 12%. Aujourd'hui, chez les généralistes de moins de 40 ans le salariat est même dominant chez les femmes, 30,5% contre 29,5% de libéraux.
La féminisation, quant à elle, se poursuit : aujourd’hui, les femmes généralistes sont encore minoritaires (47 %), mais le rapport de force devrait bientôt s’inverser. En effet, chez les généralistes de moins de 40 ans, elles représentent 64 % des effectifs, contre 30 % des plus de 60 ans. La moyenne d’âge est d’ailleurs de 49 ans pour les médecins de famille au féminin, contre 54 ans chez leurs homologues masculins.
La cartographie de 2017 montre aussi l’appétence toujours plus grande pour le remplacement. Toutes spécialités confondues, depuis dix ans, leurs effectifs ont augmenté de 24,6 % et l’Ordre prévoit que d’ici à 2025 on en compte 14 300 supplémentaires. Aujourd’hui les remplaçants sont très majoritairement des généralistes (66,8 %). Ce sont surtout des femmes (62 %), âgées en moyenne de 41,5 ans.
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