Les inégalités d'accès aux soins sont devenues une préoccupation au plus haut sommet de l'État. Au point que le sujet a été évoqué par Emmanuel Macron lors de la présentation de ses vœux aux Français.
Pendant son allocution télévisée d'une quinzaine de minutes au cours de la laquelle il a tenté de répondre au malaise exprimé ces dernières semaines par les gilets jaunes, le président de la République a plusieurs fois évoqué la santé. « On ne paie pas ou presque la scolarité de nos enfants, on se soigne à un coût parmi les plus faibles des pays développés pour avoir accès à des médecins d'excellence », a dans un premier temps indiqué le chef de l'État, qui a salué la « stratégie ambitieuse [du gouvernement] pour améliorer l'organisation de nos hôpitaux, nos cliniques et nos médecins ».
« Nous dépensons en fonctionnement et en investissement pour la sphère publique plus de la moitié de ce que nous produisons chaque année. Cessons de nous déconsidérer ou de faire croire que la France est un pays où les solidarités n'existent pas et où il faudrait payer toujours davantage », a poursuivi le chef de l'État. Pour autant, a-t-il ajouté, « nous pouvons faire mieux et nous devons faire mieux. Nous assurer que nos services publics restent présents partout où nous en avons besoin, que les médecins s'installent où il en manque dans certaines campagnes ou dans des villes où des quartiers il n'y en a plus. »
Une revendication des Gilets jaunes
Cette déclaration n'a pas échappé aux principaux leaders de syndicats médicaux qu'a joint Le Généraliste.
« Le président de la République a repris l'une des principales revendications du mouvement des gilets jaunes de ne pas parvenir à trouver un médecin traitant », observe le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Cette déclaration sonne-t-elle comme un avertissement ? La liberté d'installation est-elle menacée ? Emmanuel Macron semble avoir voulu interpeller le corps médical. « Dans un certain nombre d'endroits, des Français on des difficultés à trouver un médecin traitant ou avoir un rendez-vous chez un médecin spécialiste, analyse le Dr Ortiz. Les médecins ne peuvent pas se défausser de cette responsabilité collective de renforcer l'accès aux soins. Nous devons apporter une réponse en préservant la liberté d'installation ou le politique le fera de façon drastique et autoritaire. »
Emmanuel Macron a annoncé son intention « d'écrire à tous les Français ». Cette "lettre" sera diffusée vers la mi-janvier, après la première phase du grand débat national, dans la presse et les réseaux sociaux, a précisé ce mercredi l'Élysée. Elle précisera les thèmes du débat national que souhaite ouvrir l'exécutif à la suite du mouvement des "gilets jaunes", a précisé la présidence.
Un sujet des futures négos interpros
Des négociations interprofessionnelles doivent s'ouvrir le 16 janvier. 35 organisations syndicales représentant les médecins mais aussi les pharmaciens, kinésithérapeutes, infirmiers... seront réunis avec pour objectif notamment de permettre à chaque Français d'avoir accès à un médecin traitant et d'apporter une réponse organisée à la demande de soins. « L'égalité d'accès aux soins fait partie des revendications du mouvement de révolte des gilets jaunes et le gouvernement sait qu'il va devoir agir, estime le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, toujours intimement convaincu que la fin de la liberté d'installation n'est pas « la solution ». « Je ne perçois pas cette déclaration du chef de l'État comme une menace mais comme un appel à négocier », poursuit le Dr Battistoni, qui table sur l'organisation des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) pour améliorer la situation.
Les récentes réponses apportées par les pouvoirs publics (recrutement de 4000 assistants d'ici à 2022, salariat de 400 médecins généralistes, pratiques avancées, télémédecine...) ne sont en tout cas pas vues d'un bon œil par tous les médecins. « Le président a raison sur le constat, on peut mieux faire mais il faut arrêter de dépecer la médecine générale ou l'on détruira la médecine de proximité », clame le Dr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF).
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