La santé amorce un important virage numérique qui devrait révolutionner l'exercice de la médecine dans les toutes prochaines années. Chargés de piloter ce chantier du plan Ma Santé 2022, Dominique Pon et Laura Létourneau ont présenté ce jeudi matin un plan d'action comprenant 26 mesures, en présence de la ministre de la Santé et du nouveau secrétaire d’État chargé du Numérique, Cédric O.
Vers une carte Vitale dématérialisée
Ce virage numérique impliquera nécessairement une meilleure identification et authentification des acteurs du système de santé, qu'il s'agisse des professionnels ou des patients. La feuille de route du numérique en santé mise notamment sur la dématérialisation de la carte CPS d’un côté et de la carte Vitale de l’autre. Une e-CPS devrait donc être mise à disposition des professionnels, assortie d’un « fournisseur national d’identité sectoriel : pro santé connect » qui réalisera l’authentification à la place des services numériques de santé. Des premiers tests doivent avoir lieu dès juin pour une expérimentation en 2020.
L’appli carte Vitale « apCV » sera aussi testée dès cet été après la publication d’un décret d’expérimentation. Elle doit permettre de répondre à « la demande des patients d’accéder à des droits à jour en toutes circonstances et de bénéficier de démarches en ligne comme la déclaration de médecin traitant », explique le ministère.
DMP, messagerie sécurisée et e-prescription
Le virage numérique en santé a également été conçu autour de 4 services socles. Parmi eux, le déploiement du DMP. Une refonte de l’ergonomie de l’appli DMP est programmée pour 2019. Le carnet de vaccination électronique et la possibilité pour des applis et des objets connectés de l’alimenter devraient être disponibles pour 2020. Et à partir de 2021, la création sera automatique pour les nouveau-nés. L’usage des messageries sécurisées de santé doit aussi être généralisé et étendue au secteur médico-social. En région, le ministère veut accompagner le développement d’outils numériques de coordination avec le programme e-parcours. Enfin, les autorités misent sur l'extension de la e-prescription. La dématérialisation des ordonnances commencera par une expérimentation pour les médicaments en ville cette année avant une généralisation en 2020, puis suivront des expérimentations pour les actes de biologie, infirmiers ou de kinésithérapie.
Bouquet de services numériques pour les professionnels
Pour mener cet important virage numérique, le ministère va s'appuyer sur le concept de « l’État-plateforme », qui repose sur l'idée de fédérer « toutes les initiatives publiques et privées [...], à condition qu'elles respectent les valeurs et le cadre définis par la puissance publique », expliquent les pilotes du chantier. Concrètement, trois plateformes distinctes verront le jour. Le Health Data Hub pour l’analyse des données de santé, qui a été lancé en début d'année. Une plateforme pour les patients est prévue dans la loi Santé : l’Espace Numérique de Santé. Il doit permettre à l’usager de naviguer de manière fluide et sécurisée dans ses différents services numériques de santé : DMP, Ameli, objets connectés, portails des hôpitaux etc.
La plateforme doit ouvrir en 2022 et sera créée automatiquement pour toutes personnes nées à partir de 2022. Le miroir de cette plateforme pour les professionnels de santé sera le « bouquet de services numériques ». Sans avoir à se réidentifier à chaque fois, le médecin pourra passer « sans sortir de son univers logiciel », d’un outil à l’autre. « Cela permettra aussi aux professionnels d’avoir une meilleure vision de l’offre offerte en termes de services numériques qu’ils viennent du privé ou du public », explique Laura Létourneau. Au-delà de la navigation entre les différents services qu’ils utilisent, le médecin pourra donc aussi retrouver un catalogue des services disponibles et en quelque sorte labellisés comme répondant au socle éthique, sécuritaire et de fonctionnement fixé par le gouvernement. Cette plateforme prendra vie également en 2022.
Pour mener à bien ces 26 actions, la délégation ministérielle du numérique en santé (DNS) a été créée. Elle sera rattachée au ministère de la Santé et co-pilotée par Dominique Pon et Laura Létourneau. Par ailleurs, l’ASIP Santé devient l’agence du numérique en santé (ANS) qui sera dirigée par Annie Prévot.
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