Comment préparer sa sortie ? Une question qui trotte dans la tête de beaucoup de confrères qui approchent l'âge de la retraite. En Aveyron, le conseil de l'Ordre organise le samedi 4 mars un "Forum de la désinstallation", moyen de prouver aux généralistes du département approchant la retraite que dévisser sa plaque n'est pas forcément synonyme de fermeture définitive du cabinet et d'abandon de sa patientèle. "Le CDOM 12 a invité les praticiens concernés à se réunir pour définir ensemble une réflexion, déculpabiliser leur situation", précise le Dr Alain Vieillescazes, conseiller ordinal de l'Aveyron.
Dans ce département, le souci de démographie médicale et le vieillissement des médecins est bien sûr un problème, mais depuis longtemps plus une fatalité. L'Aveyron est en effet l'un des rares territoires ruraux à avoir redressé la barre et à compter plus d'installants que de départs à la retraite. En 2015, le département a notamment enregistré 15 premières installations. Un record.
Le Dr Didier de Labrusse, président de l'Ordre 12, est la preuve qu'un passage de relais intergénérationnel est possible. La clé selon lui : le travail regroupé, la pluridisciplinarité et l'accueil des internes. À 68 ans, ce généraliste de Saint-Chély-d'Aubrac fait partie des deux tiers de médecins retraités aveyronnais qui restent actifs. Sur son territoire, qui regroupe quatre maisons de santé, une dizaine d'internes ont été formés par lui et ses confrères. "Dans l'Aveyron, 8 % des internes qui viennent chez nous y restent. Alors qu'un département comme le Gers gardent moins de 1 % de ses internes", explique le praticien, qui continue à exercer en moyenne une journée par semaine, en remplacement de son successeur à Saint-Chély, à Bozouls, où une collègue est en congé maternité ou encore à Laguiole, lorsque ses confrères partent en formation.
Lever le tabou de l'arrêt d'activité
Le Dr de Labrusse regrette cependant que légalement, un médecin ne puisse pas venir exercer en même temps auprès d'un confrère dans un cabinet, pour effectuer des visites par exemple : "On voudrait que la loi change, confie-t-il. J'accepte à titre compassionnel et confraternel d'aller faire des journées là où un médecin est momentanément empêché de travailler. S'il a la jambe dans le plâtre mais qu'il n'est pas totalement arrêté par exemple, la loi ne me permet pas de faire les visites à sa place", explique le président du Cdom 12.
Toutes ces questions seront évoquées lors du forum du 4 mars, organisé à Baraqueville. "Nous avons un peu été pris de court car beaucoup de médecins ont répondu positivement à l'invitation", confirme le Dr de Labrusse. Sur les 105 médecins de plus de 58 ans conviés à cette rencontre, 30 seront présents pour échanger sur les problématiques locales et sur l'organisation des fins de carrière des médecins aveyronnais. En partenariat avec la cellule médecins du Conseil Départemental de l’Aveyron et l’URPS, plusieurs tables rondes se succéderont et des experts de l'ARS, la CPAM, l'URPS, etc. interviendront. "Quel devenir pour mon territoire ?", "Quels outils peuvent aider à cette transition ?" Le forum tentera de répondre à ces interrogations.
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