« Le désert en Ile-de-France n’est pas une fatalité ». Le président de URPS-ML Ile-de-France, le Dr Bruno Silberman (photo) veut rester optimiste. La démographie médicale de la région est pourtant délicate. 76 % de la population vit dans des territoires en tension d’après le nouveau zonage, 45 % des généralistes ont plus de 50 ans et le prix de l’immobilier est trois à cinq fois plus élevé que dans les autres régions. Mais loin d’être attentistes, l’URPS et l’ARS franciliennes ont signé dès 2011 un protocole d’accord pour améliorer l’accès aux soins. Ce partenariat a été renouvelé en 2014, puis en 2017. Les deux institutions ont présenté jeudi un bilan de leur action.
Depuis 2012, des permanences locales d’aides à l’installation ont été mises en place. 508 médecins ont été reçus, 322 se sont installés suite à ces permanences et 141 sont en cours d’installation. Pour aider les communes à avoir une image concrète de la situation sur leur territoire, l’ARS et l’URPS proposent également des diagnostics de l’offre de soins. 13 ont été engagés depuis juillet 2017 et des communes de chaque département, excepté Paris, en bénéficient. Des soutiens sont aussi apportés pour les projets des professionnels de santé et notamment autour de l’exercice coordonné. Après le désengagement de la mairie de Colombes, l’ARS et l’URPS ont par exemple aidé à la transformation du centre de santé en maison de santé pluriprofessionnelle. La création d’une MSP dans le 15e arrondissement de Paris, ou le passage d’un cabinet de groupes en MSP à Vanves ont aussi été accompagnés.
8 millions d'aides pour l'immobilier
Mais pour les projets en Ile-de-France, l’un des principaux freins est évidemment le prix de l’immobilier. Le protocole d’accord prévoit donc une aide à l’investissement dont ont pu bénéficier 47 projets depuis septembre 2017. Neuf cabinets ont déjà ouvert, 16 devraient l’être en 2018 et 22 le seront en 2019-2020. 72 % des dossiers sont portés par des équipes de médecins libéraux et 16 projets s’orientent vers un exercice en MSP. En moyenne, ils ont reçu 174 000 euros par projet. L’URPS et l’ARS participent à hauteur de 40 % du montant, pour l’acquisition plus les travaux et jusqu’à 200 000 euros. Cette somme est majorée de 25 % dans les zones fragiles ou déficitaires. Pour cette première année, plus de 8 millions d’euros auront été engagés, « mais nous allons monter en puissance dans les années à venir », promet Christophe Devys , directeur général de l’ARS Ile-de-France (photo).
Généraliser les plateformes territoriales d'appui
En dehors de l’immobilier, l’investissement en 2017 aura aussi porté sur les systèmes d’information. 150 000 euros sont ainsi allés à une expérimentation à Livry-Gargan. 500 000 euros annuels sont aussi prévus pour développer une expérimentation sur l’accompagnement thérapeutique de proximité en libéral va être lancé le 3 juillet. 131 médecins libéraux volontaires y participent. La région cherche aussi à développer les plateformes territoriales d’appui (PTA). « L’objectif c’est d’avoir un numéro unique pour que les médecins n’aient plus à se poser la question de savoir s’il faut appeler les Clic (centres locaux d’information et de coordination) ou Maia… », souligne Alexandre Grenier, directeur de l’URPS. Deux associations plateformes territoriales d’appui (APTA) vont donc être mises en place dans les Yvelines et en Seine-Saint-Denis, avant d’espérer un déploiement dans tous les départements.
Enfin, au-delà des projets en création, le protocole d’accord permet aussi de venir en aide aux cabinets fragilisés par des problèmes juridiques, financiers ou même de relations relationnelles. 12 ont d’ailleurs été accompagnés cette année, comme la maison de santé Hippocrate au Mée-sur-Seine ou la Maison des spécialistes à Mantes-la-Jolie.
Se faire connaître
Les partenaires veulent continuer sur cette lancée et monter en puissance, notamment au niveau financier comme le président de l’URPS n’a pas manqué de le souligner à l’ARS. Mais le but est aussi de travailler sur la communication pour faire connaître davantage ces actions aux professionnels. Le Dr Fanny Sales a récemment bénéficié de l’aide de l’URPS pour ouvrir son cabinet à la Garenne Colombes. « Quand nous sortons de la fac, nous sommes au courant de rien. Il faut vraiment faire plus de publicité sur ces actions car c’est une aide précieuse », explique-t-elle.
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