« L’une des médecins est venue me voir pour m’annoncer sa décision de partir. Elle était en pleurs », témoigne Christian Delbrel, maire de Pont-du-Casse, une petite commune rurale de 4 500 habitants du Lot-et-Garonne. Il y a trois semaines, l’édile a appris avec « grande surprise » le départ programmé de trois généralistes de sa ville à partir du 20 décembre prochain. « L’annonce a été brutale. Cela fait un psychodrame pour nous tous », confie-t-il, ému, même s’il dit comprendre les raisons invoquées : la fatigue et le surmenage, au point de repenser les conditions de travail. « Deux d’entre elles ont la quarantaine et l’autre approche la soixantaine. Elles sont loin de la retraite mais elles en ont marre de vivre cette vie de médecin », décrit-il.
La Dr Élisa Loubet est l’une d’entre d’elles. Interrogée par France 3, la généraliste de 44 ans explique vouloir quitter ce métier « qu’elle adore » après 15 ans d’activité. « J'ai fait neuf ans d'études pour ça, mais ça n'est plus possible », affirme-t-elle. Les difficultés d’accès à ses confrères spécialistes par exemple rendent son exercice quotidien « compliqué ». « Je demande des avis, je ne les ai pas par manque de spécialistes ! Du coup, il y a des retards de diagnostic, des retards de prise en charge. C'est inquiétant. »
Réguler l’installation, solution durable ?
Selon le maire, les médecins installées dans le même cabinet ont pris cette décision « à contrecœur ». Mais cette situation de carence est difficile à vivre pour l’édile. « On était une commune nantie avec six généralistes libéraux répartis dans deux cabinets médicaux. Avec le départ des trois médecins, je vois la détresse, la désespérance des patients qui me supplient sur le parking de trouver des médecins », ajoute Christian Delbrel.
Même s’il se sent démuni, l’élu ne veut pas baisser les bras. La semaine dernière, il a réuni l’ensemble des professionnels de santé de la ville pour « mettre sur la table les idées, les pistes ». Mise à la disposition de locaux sans loyer pour les futurs médecins, activation des réseaux personnels pour trouver des candidats, recours à des médecins étrangers… : « On va se battre », affirme-t-il.
« Je vois la détresse, la désespérance des patients qui me supplient sur le parking de trouver des médecins »
Christian Delbrel, maire de Pont-du-Casse
Christian Delbrel voudrait remettre la préoccupation des déserts médicaux sur le devant de la scène. Le maire sans étiquette appelle le prochain gouvernement à avoir du « courage » pour réguler l’installation des médecins libéraux. « C’est la seule solution durable sinon ils vont finir par s’agglutiner dans les métropoles, les capitales régionales ou sur la côte. On l’a bien fait pour les enseignants, les pharmaciens, pourquoi pas les médecins ? »
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