À trois jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, vendredi 26 juillet, les restrictions de circulation et d'accès à certaines zones parisiennes exaspèrent des médecins libéraux et des associations de patients. Depuis le 18 juillet, le QR code est obligatoire dans les zones grises se concentrant autour de la Seine et des sites olympiques, quel que soit le mode de transport, y compris à pied et à vélo. Dans ces conditions, venir consulter les médecins installés dans ces zones ou devoir les traverser pour se rendre à un rendez-vous médical est devenu « une mission presque impossible », déplore la Dr Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste installée dans le 16e arrondissement. « J’ai eu des patients qui m’ont appelée pour dire qu’ils ont été refoulés car ils n’ont pas de QR code, raconte-t-elle au Quotidien. Or, certains l’ont demandé mais ne l’ont jamais reçu. Et que fait-on des personnes âgées qui ne sont pas à l’aise avec le numérique ? A-t-on pensé à elles ? »
Prescriptions sur deux ou trois mois
« Dans les zones rouges et grises, une grande majorité des médecins libéraux vont fermer leur cabinet
Dr Marc Rosenblat, co-coordinateur du groupe JO de l’URPS Île-de-France
Face à cette situation, la nutritionniste diplômée de médecine générale a même interpellé l’ordre départemental pour « [s’]entendre seulement dire que les patients devaient avoir leur QR code ». « Mais s’ils ne l’ont pas, on ne les soigne pas ? C’est aberrant ! » lance la médecin, passablement agacée. Des difficultés émergentes que confirme aussi le Dr Marc Rozenblat, co-coordinateur du groupe de travail JO au sein de l’URPS Île-de-France. « Dans les zones rouges et grises, une grande majorité des médecins libéraux vont fermer leur cabinet en raison des difficultés des patients à obtenir le QR code », explique celui qui est aussi président du Syndicat national des médecins du sport (SNMS). Pour anticiper ces problèmes, certains confrères parisiens auraient délivré « des prescriptions sur deux ou trois mois pour leurs patients chroniques », selon le syndicaliste.
Absence de concertation
De leur côté, les associations de patients dont Renaloo (qui défend les patients atteints de maladie rénale) commencent aussi à recevoir des témoignages de leurs adhérents excédés. « Nous avons reçu des messages de personnes paniquées qui n’ont pas pu traverser le pont d’Austerlitz, fermé à cause des JO, pour se rendre à l’hôpital Salpêtrière pour leur rendez-vous, de l’autre côté de la Seine, indique Bruno Lamothe, chargé de mission auprès de l’association. Les difficultés que nous avons envisagées commencent à faire jour ». Malgré les multiples réunions où l’ARS Île-de-France ainsi que la préfecture se sont engagées à communiquer auprès des patients, « cela n’a pas été fait ». « Nous sommes très ennuyés car cette situation aurait pu être évitée si on avait pensé aux malades chroniques et aux personnes qui ont des trajets à faire », poursuit Bruno Lamothe.
Gérard Raymond, président de France assos santé (représentant des patients et des usagers du système de santé), pointe pour sa part « l’absence totale de concertation » avec la commission des usagers en amont de l’organisation des JO. « C’est inacceptable, juge-t-il. Si quelques mois avant les JO, on avait échangé et discuté de façon intelligente, nous aurions pu alerter au mieux les patients sur la nature et la difficulté des déplacements à venir pendant toute cette période. » Les JO se terminent le 11 août ; les Paralympiques ont lieu du 28 août au 8 septembre.
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