Bien qu’autorisés à réaliser des tests antigéniques à leur cabinet depuis le début du mois, les médecins généralistes ne se pressent pas au portillon pour le faire. Selon les résultats d’une enquête menée sur legeneraliste.fr*, seuls 21 % des praticiens ont ainsi l’intention de recourir à ce mode de dépistage à leur cabinet. Sept sondés sur dix (71 %) affirment ne pas le souhaiter, et un peu moins d’un sur dix (8 %) indique ne pas savoir.
En dépit d’un effort de valorisation de la réalisation des tests antigéniques au cabinet (en cas de test positif, un praticien peut percevoir jusqu’à 76 euros, ndlr) de la part de l’Assurance maladie, cette possibilité n’attire donc pas les praticiens libéraux.
« Impraticable dans un cabinet classique »
En cause notamment, les contraintes liées à la réalisation de ces tests antigéniques. « Habillage, déshabillage (achat des protections), test (risque de contamination), attente des patients (nouveau risque de contamination), contact tracing dans Ameli, rentrer tous les tests (positifs ET négatifs) dans le SI-DEP… Combien de temps perdu en paperasserie dématérialisée au détriment de la prise en charge de nos patients Covid comme non-Covid ? », questionne l’un des 398 répondants à l’enquête. « Faire le test est très contaminant et doit être fait à l’extérieur avec blouse masque etc. Puis il faut se déshabiller, remplir les papiers à l’intérieur. C’est trop difficile à organiser », explique quant à lui le Dr Jean-François C.
Pour le Dr Anne-Marie M, la réalisation de tests antigéniques est tout bonnement « impraticable dans un cabinet de médecine générale classique ». A ces difficultés peuvent également s’ajouter la présence dans l’entourage de personnes à risques, font également valoir d’autres confrères.
De son côté le Dr Gilles M. reconnaît que ces tests entraînent un surplus de temps administratif mais souligne que celui-ci est « pour une fois bien payé ». Pour limiter les contraintes, le médecin recommande un « groupage des suspects grippés en fin de matinée », de façon à n’avoir à revêtir les équipements de protection qu’une fois.
Les syndicats réclament de pouvoir appliquer la même cotation aux horaires de PDSA
Si les généralistes peuvent coter C2 ou V2 (46 ou 56 euros) + MIS (30 euros) lorsqu'ils testent un patient et que celui-ci est positif, la Fédération des médecins de France (FMF) et l’Union française pour une médecine libre – syndicat (UFML-S) ont alerté la semaine passée sur l'impossibilité pour les praticiens de le faire aux horaires de la permanence des soins. « Alors que les pharmaciens d’officine de garde se voient primés, à juste titre, à chaque ordonnance lors de la garde, les médecins libéraux de garde, laissant derrière eux leurs familles et renonçant à leur repos pour participer à une mission de service public, devraient quant à eux renoncer à voir leurs efforts récompensés ? », interrogeait ainsi l'UFML-S. De son côté la FMF estimait « qu'il [s'agissait] à l'évidence d'une rédaction malheureuse du décret » et indiquait « attendre une réponse rapide de la Cnam et du ministère de la Santé à ce sujet ».
*Enquête menée du 3 au 16 novembre sur legeneraliste.fr, 398 répondants
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