Qui dit mieux ? La mairie de Houilles, dans les Yvelines, propose aux médecins qui souhaitent s’installer dans cette ville des locaux peu ou pas utilisés, rénovés par la municipalité, à seulement « 1 euro le m2 par mois ». Située à dix minutes de La Défense en RER, cette commune de la banlieue parisienne est classée zone d’intervention prioritaire (ZIP), donc particulièrement fragile.
Élu en 2020, le maire (Renaissance) Julien Chambon a pris le taureau par les cornes pour combattre la désertification médicale qui gagne son territoire. La ville de Houilles, 34 000 habitants, compte encore une trentaine de médecins libéraux – dont la moitié sont des généralistes – mais la situation ne cesse d’empirer. « Nous comptons un médecin pour 1 000 habitants. Mais près d’un tiers de médecins généralistes va partir à la retraite », souligne l’édile joint ce vendredi par Le Quotidien.
Petit loyer, grandes ambitions
C’est en réponse à cette « catastrophe annoncée » que l’édile a mis sur pied ce plan visant à « favoriser l’installation de nouveaux praticiens » mais aussi à retenir les confrères plus anciens tentés par des départs à la retraite.
De fait, la stratégie de la mairie se déploie en deux temps. Il s’agit de proposer aux nouveaux médecins des locaux peu ou pas utilisés par la municipalité à très faible loyer (1 euro le m2), à condition que ces praticiens intègrent la future maison de santé qui sortira de terre dans un an et demi. Composée de quatorze cabinets, cette structure a vocation à accueillir des généralistes et des spécialistes (dermatologues, gynécologues, etc.) mais aussi des paramédicaux.
Une fois intégrés dans la nouvelle maison de santé, les professionnels bénéficieront d’un loyer qui sera encore « inférieur de 30 % au prix du marché ». « Cinq médecins ont déjà bénéficié de ce dispositif », se félicite Julien Chambon, qui précise que cette opération coûte « environ 50 000 euros par local rénové ». « On est sur des coûts largement acceptables pour nos finances. Et puis, imaginez le message positif envoyé aux patients qui n’ont pas de médecin », se défend le maire.
“On va chercher les patients chez eux, on les amène aux rendez-vous en clinique et on les ramène chez eux
Julien Chambon, maire de Houilles (Yvelines)
La commune ne s’arrête pas là. Pour les publics fragiles (personnes âgées ou à mobilité réduite), elle teste depuis cinq mois un minibus gratuit, « la Vadr’Houilles », pour leur permettre d’honorer les rendez-vous médicaux. « Les petites courses sont refusées par les taxis. On a mis en place ce transport gratuit à la demande. On va chercher les patients chez eux, on les amène aux rendez-vous en clinique ou chez le spécialiste et on les ramène chez eux », indique l’édile.
Que pense le maire de Houilles de la régulation à l’installation votée par les députés ? Au lendemain de l’adoption en première lecture à l’Assemblée de la proposition de loi Garot, Julien Chambon estime que « le problème a été complètement pris à l’envers ». « Le remède sera pire que le mal », juge-t-il, car il dissuadera les jeunes médecins de s’installer en libéral.
« Quand j’écoute les médecins, certains veulent bien s’installer dans des zones en tension, à condition de lever certains freins. À Houilles, c’est le problème de loyer », insiste le maire. Face aux difficultés d’accès aux soins, cet élu continuera de prôner des solutions positives issues du terrain, au lieu d’une « loi descendante » qui « ne va pas changer les choses ».
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