À la veille du « vendredi noir » qui devrait voir des milliers de praticiens libéraux en cabinet et en clinique privée cesser leur activité sans limitation de durée, les soutiens à la grève continuaient d’affluer ce jeudi. Pour mémoire, l’intersyndicale de médecins libéraux composée de douze organisations réclame à la fois la réécriture de la proposition de loi (PPL) sur l’accès aux soins portée par le député (Horizons) Frédéric Valletoux jugée trop « contraignante » et une date « urgente » de reprise des négociations conventionnelles.
« Chronique d’une mort annoncée », n’hésitent pas à titrer le Syndicat national des anesthésistes-réanimateurs de France (Snarf) et celui des anesthésistes libéraux (AAL) dans leur appel conjoint « à rejoindre le mouvement polysyndical d’arrêt des activités médicales libérales à compter du 13 octobre ». Les deux centrales proches d’Avenir Spé en profitent pour montrer leurs muscles. « Le secteur privé représente à lui seul 71 % des actes d’anesthésie en France. La non-signature de la convention et l’application du règlement arbitral qui s’impose n’apportent aucune revalorisation pour les médecins des plateaux techniques lourds. C’est l’engagement et le dévouement sans faille des 30 % de médecins anesthésistes-réanimateurs libéraux qui permet de répondre aux besoins des Français », rappellent-ils à l’unisson.
Les urologues dans la bataille, la FHP solidaire
Même son de cloche, ce jeudi, du côté du Syndicat national des chirurgiens urologues français (SNCUF). « À partir du 13 octobre, l’ensemble du monde médical libéral appelle à un arrêt de ses activités avec regret », témoigne son président le Dr Didier Legeais. La PPL Valletoux « impose, sans tenir compte des oppositions médicales, de nouveaux modes de gouvernance de l’offre de soins avec de nouvelles obligations et interdictions qui remettent en question l’organisation de la permanence de soins, l’indépendance de nos métiers, en particulier concernant l’installation… », alerte le chef de file du SNCUF.
La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP, cliniques) apporte elle aussi son soutien de principe. « Il y a de fortes tensions sur la démographie médicale libérale en France et ceux qui exercent ne bénéficient pas de la reconnaissance qu’ils méritent. C’est la responsabilité de l’État de prendre aujourd’hui les mesures qui s’imposent en dégageant d’urgence des moyens supplémentaires », affirme le patron de la FHP, Lamine Gharbi.
Plusieurs URPS médecins libéraux (Île-de-France, Nouvelle-Aquitaine, etc.) ont officialisé parallèlement leur soutien au mouvement de grève lancé par les syndicats.
Départs de feu en région
Alors qu’aucune manifestation nationale n’est prévue pour témoigner de l’ampleur de la grève, sur le terrain, de grandes manœuvres s'organisent, avec une forme de radicalisation. En Mayenne, un collectif de « 100 médecins généralistes » a décidé d’entrer dans la fronde tarifaire en appliquant une consultation à 30 euros au 1er novembre au plus tard « pour ne pas subir l’humiliation du 26,50 euros », témoigne le Dr Luc Duquesnel, leader de la branche généraliste de la CSMF. Les généralistes effecteurs et régulateurs mayennais appellent aussi à la grève de la permanence des soins (PDS-A).
Le collectif Médecins pour demain annonce ce jeudi qu’il mobilisera ses troupes mardi 17 octobre pour « deux actions fortes » devant la préfecture de Marseille et devant le ministère des Finances à Paris.
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