Ce n’est pas la fin du monde, mais peut-être la fin d’un monde où le paiement à l’acte était de règle en médecine de ville. Le phénomène n’est pas en soi si nouveau que cela. Cela fait plusieurs années que le basculement de la médecine ambulatoire vers le salariat est décelé dans les données de l’Ordre. Mais il a subi ces dernières années une nette accélération. À partir de 2011, les maires des communes rurales s’y sont mis les premiers, truffant les déserts médicaux de centres de santé faute de vocations de libéraux. Les patrons de conseil départemental leur ont emboîté le pas. Et voilà que le gouvernement amplifie à son tour le mouvement en embauchant 400 généralistes salariés en zones sous-denses. Dans le contexte de crise de la démographie médicale que nous connaissons, on ne s’étonnera même plus que cette petite révolution ne génère ni urticaire ni anticorps dans le monde libéral. Comme si tout un chacun avait compris que, tous les moyens étaient bons pour parer au plus pressé.
Et après ? Si l’on en croit les projections du service statistique du ministère de la Santé, la proportion de libéraux devrait chuter de 24 % d’ici à 2027. Et ce n’est pas fini. Leur part pourrait s’abaisser à 38 % en 2040 contre 47 % aujourd’hui ! Pour ceux que cette évolution inquiète, la question est évidemment de savoir si celle-ci est réversible. À défaut, le paysage de la médecine ambulatoire en sortirait durablement bouleversé. D’autant que les règles du jeu libéral sont elles aussi en pleine redéfinition, forfaitisation de la rémunération et mixité des statuts étant visiblement promises à un bel avenir. Le scénario du futur s’écrit actuellement. Mais, sans encore bien connaître la suite, on peut parier que -sous l'angle de la rémunération aussi- l’exercice traditionnel a vécu.
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