« Je suis arrivée en Corse par pur hasard pour suivre un stage de gynécologie, et je n’en suis jamais repartie », se remémore la Dr Lydia Aksil, médecin généraliste au cabinet médical de Cargèse et depuis peu à Porto, une journée par semaine. Cette commune corse n'avait plus d'omnipraticien depuis deux ans suite au départ en retraite de son médecin de famille.
Fraîchement diplômée, la jeune praticienne originaire de Valenciennes a posé définitivement ses valises sur l’île de Beauté. Elle avait déjà choisi de terminer son internat à Marseille, et d’effectuer un stage de six mois avec le Dr Dominique Poggi au sein du cabinet médical de Cargèse. La proximité avec les patients et les autres médecins l’a conquise. « Il y a une certaine proximité avec les patients et les spécialistes. Entre confrères, nous nous connaissons tous, et avons tous nos numéros personnels. Sur le continent, je faisais peu de visites à domicile, et contacter les spécialistes était beaucoup plus ardu. C’est un avantage que j’ai découvert ici », explique avec enthousiasme l’omnipraticienne.
La nécessité de prendre en charge à distance certains patients en situation critique l’a convaincue de dédier une journée par semaine aux habitants de Porto afin de remédier à cela. Le souvenir d’une patiente âgée de 93 ans en arythmie cardiaque avec une fréquence cardiaque importante à 180 l’a particulièrement marquée, alors qu’elle était encore interne avec le Dr Dominique Poggi. « Nous avons dû gérer ce cas par téléphone, nous baser sur les dires de l’infirmière, envoyer les ordonnances, commander de l’oxygène à distance sans l’avoir examinée au préalable. L’examen clinique est arrivé deux jours après », se remémore-t-elle. À présent, toujours attachée au cabinet médical de Cargèse, elle exerce à Porto le mardi de 9 heures à 18 heures avec un créneau réservé de 12 heures à 16 heures pour les visites à domicile.
Une prise en charge souvent à distance
Cet emploi du temps, permet d’éviter autant que possible « les situations assez critiques de personnes âgées gérées soit par téléphone, soit parfois par le biais des infirmières. Cet exercice à distance peut aboutir à un aller simple à l’hôpital ». Bien que la moitié des 500 habitants de la région de Porto-Ota sont habitués aux déplacements à Cargèse pour se faire soigner, certains ne peuvent pas faire les trajets, ce qui implique des prises en charge parfois compliquées. « Le Dr Poggi, reconnaît-elle, était très à l’aise avec ce type de prise en charge. Moi beaucoup moins : je sors de mes études, et j’accorde de l’importance à l’examen clinique. Le fait de me rendre sur place une fois par semaine me permet de voir ces personnes âgées. »
À Cargèse, sa présence n’est pas superflue dans la mesure où trois des cinq médecins se rapprochent de la retraite. « J’ai quand même une liste de patients chroniques d’un certain âge que je suis plus particulièrement. Ce créneau d’une journée par semaine me permet de voir une quinzaine de patients, soit à leur domicile soit au cabinet où ils ont été déposés par leur famille. Cette solution s’avère beaucoup plus simple que d’effectuer 45 minutes de route pour aller à Cargèse. »
Un équilibre précaire s’est installé et dépend à moyen terme de l’arrivée de jeunes médecins pour prendre la relève. L’objectif à long terme reste l’installation d’un médecin à temps complet au cabinet de Porto. Le médecin disposera d’un cabinet médical gratuit, d’un logement et d’aide fiscale avec une exonération d’impôt pendant cinq ans puis un pourcentage progressif jusqu’à la neuvième année et une prime d’installation.
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