Réquisition d’un généraliste pour le week-end pascal en Eure-et-Loir, une décision « rare » selon l’ordre départemental

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Publié le 18/04/2025
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Faute de médecin volontaire pour assurer les gardes pendant la trêve pascale, la préfecture de l’Eure-et-Loir a réquisitionné un médecin généraliste non volontaire. Une décision exceptionnelle dans ce secteur où les praticiens sont « très unis », affirme l’Ordre départemental des médecins.

Crédit photo : Garo/Phanie

Alors que la menace d’un retour de l’obligation de permanence des soins (PDSA) plane sur la profession avec la très décriée proposition de loi transpartisane Garot, la réquisition d’un médecin généraliste dans le secteur de Châteaudun (Eure-et-Loir) pour assurer une garde tout au long de ce week-end pascal risque d’attiser les tensions. Selon Le Parisien qui a révélé l’affaire, la préfecture du département a dû prendre cette mesure « pour assurer la sécurité des patients » pour ce week-end de trois jours. La réquisition est une pratique exceptionnelle et de dernier recours lorsque le conseil départemental de l’Ordre des médecins ne parvient pas à remplir le tableau de garde.

Jointe par Le Quotidien, la vice-présidente du conseil départemental de l’Ordre, la Dr Véronique Fauchier, rappelle que dans ce secteur de Châteaudun, la décision de réquisition est extrêmement « rare ». « Les médecins de ce secteur sont très unis et s’organisent pour assurer leur tour de garde le week-end car il n’y a pas de garde durant la semaine. Mais pour ce week-end, il n’y a personne. D’où la réquisition du médecin officiellement non volontaire. C’est toujours le même, le Dr Nao Do Cao ». Celle qui fut aussi présidente de l’instance départementale affirme que ce praticien a été déjà prévenu. « Il a été alerté par courrier que s’il n’y avait personne sur un week-end, il serait réquisitionné. Il le sait depuis des années », ajoute la généraliste de Chartres.

Inacceptable

Mais dans les colonnes du Parisien, le maire sans étiquettes de Châteaudun, Fabien Verdier, dit être surpris par cette décision. « La situation n’est pas parfaite, mais nous avons rattrapé notre retard dans la couverture médicale du territoire », justifie l’édile. Un argument balayé par la Dr Fauchier. « Quand ses administrés lui diront qu’il n’y a pas eu de médecin le week-end de Pâques, il le comprendra. Nous ne pouvions pas envoyer tous les patients à l’hôpital de Chartres, alors que pour certains, cela représente plus d’une heure de route. C’est inacceptable ! »

Cette affaire reflète les difficultés des territoires ruraux en manque de médecins de répondre à la demande de soins, surtout lors des jours fériés et des fêtes. C’est d’ailleurs pendant ces périodes qu’interviennent les réquisitions, comme le confirme le dernier bilan de l’Ordre national des médecins. « Dans des endroits où il y a des trous dans le tableau de gardes, les raisons peuvent être diverses. Il faut les comprendre avant de réquisitionner », analyse le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. Selon le rapport du Cnom, dans certains territoires, comme en Dordogne, les réquisitions étaient « chroniques », « résultant de médecins non volontaires qui avaient manifesté leur intention de participer à la PDSA uniquement sous réserve d’être réquisitionnés ».


Source : lequotidiendumedecin.fr