À Bully (Loire), la récente et très inattendue réquisition préfectorale d’une médecin généraliste pour assurer les gardes médicales ne passe toujours pas. Après une pétition lancée par la mairie de cette petite commune pour soutenir la praticienne, seule généraliste pour 1 500 patients qui s’était retirée du tableau de gardes faute de temps, un autre document mis en ligne le 29 janvier par un collectif de médecins « solidaires » approche les 1 000 signatures. Mais outre le soutien affiché à leur consœur, les signataires vont plus loin en appelant à la démission « immédiate » du président de l’Ordre des médecins de la Loire, le Dr Jean-François Janowiak. En cause selon eux : « Son manquement à ses devoirs d’éthique et de solidarité envers les confrères qu’il est censé représenter et soutenir. »
Les médecins de ce collectif éphémère reproche à l’ordinal d’avoir indiqué dans les colonnes du journal Le Progrès que la médecin de Bully « n’avait aucune raison valable de refuser ses gardes », peut-on lire dans la pétition. Selon eux, ces propos seraient « profondément méprisants, dénués d’empathie et indignes d’un représentant de l’Ordre ». « En insistant sur une prétendue surcharge de travail limitée à quatre heures supplémentaires [pour assurer la PDSA, NDLR], le président de l’Ordre minimise totalement l’impact psychologique et professionnel de cette réquisition », martèlent les signataires.
Dans un autre entretien publié sur le site de France Info le 28 janvier, le président de l’Ordre départemental avait tenté de se justifier. Le Dr Jean-François Janowiak y indique « comprendre le choc » de la médecin au moment de sa réquisition par les gendarmes. « C’est désagréable […]. Malheureusement, je n’ai pas d’autres solutions, je ne fais qu’appliquer une procédure », s’était-il défendu. Chargé de remplir le tableau de garde, l’Ordre doit effectivement transmettre à l’ARS la liste des médecins susceptibles d’être réquisitionnés sur le secteur en cas d’absences de médecins volontaires, pour garantir l'accès aux soins pour la population locale.
« Souvent, la personne réquisitionnée est celle qui a fait le moins de gardes, donc effectivement, ce fut elle », avait encore expliqué le Dr Janowiak au quotidien régional, en faisant référence à la généraliste de Bully, reconnaissant par ailleurs qu’elle s’était retrouvée « au mauvais moment et au mauvais endroit ».
Crispation et petites bourdes
La crispation locale associée au lancement de cette deuxième pétition fin janvier a contraint l’Ordre départemental à clarifier officiellement la situation à deux reprises par voie de presse. Dans un premier communiqué en date du 5 février, l’Ordre, droit dans ses bottes au lendemain d’une séance plénière, rappelle d’une part que la problématique de la PDSA sur ce secteur de garde est « à l’étude depuis le mois de juillet 2024 », d’autre part que la réquisition de la généraliste de Bully est somme toute logique, puisqu’elle n’avait pas participé au tour de gardes « depuis de nombreux mois ».
Cinq jours plus tard, surprise ! Dans un nouveau communiqué, le Dr Janowiak présente ses « excuses » à la médecin « pour toute incompréhension ou remise en question injustifiée de son implication », la généraliste ayant bien assuré des gardes en 2023 et 2024 jusqu’au mois de décembre. Mais le problème reste entier, le tableau de garde demeurant pour 2025 « incomplet ».
Sollicité par Le Quotidien, le président de l’Ordre départemental n’a pas souhaité donner suite. Initialement arrêtée jusqu’au 15 février, la médecin de Bully a été, selon Le Progrès, prolongée jusqu’au 12 avril.
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