Alors qu’Emmanuel Macron mise sur le déploiement des collectifs libéraux pour améliorer l’accès aux soins, les membres de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Presqu’îles en mer ont décidé de leur côté de se désengager de l’association. Créée en 2019 et regroupant environ 180 professionnels de santé, la CPTS a été dissoute le 1er janvier. Selon son président, le Dr Jean-Philippe Moitier, cette décision votée « à l’unanimité » est liée principalement aux difficultés à mobiliser les acteurs de santé libéraux « déjà surchargés » pour répondre aux missions identifiées (prise en charge des patients sans médecin traitant, soins non programmés, prévention, gestion de la crise sanitaire, etc.). Cette difficulté se ressent particulièrement chez les médecins, confrontés à une crise démographique d’envergure. Les 15 généralistes du territoire couvert par la CPTS rechignent à participer aux nombreuses réunions de préparation des actions. « Même si la caisse primaire nous aide, c’est de la réunionite aiguë et chronophage, lance le généraliste de Quiberon. Les missions restent vagues et on sent aussi le poids des politiques pour nous refourguer des actions qu’ils ne veulent pas faire ».
Mais qui fait quoi ?
Pour faire baisser par exemple le nombre de patients sans médecin traitant dans le territoire, la CPTS Presqu’îles en mer de taille 1 (couvrant moins de 40 000 habitants) est chargée faire du lien entre ces patients et les praticiens disponibles. « Cette mission a été difficile car les médecins sont totalement débordés, ajoute le Dr Moitier. C’était même ridicule car on avait juste l’impression d’être une énième personne de la Sécu. Ce n’était pas notre rôle ». Pour le généraliste, cette « expérience » est « malheureuse » alors que « l’idée de départ de travailler ensemble et de se coordonner » avait motivé de nombreux soignants libéraux.
Vice-président de la CPTS dissoute, Nicolas Poitou ne cache pas non plus sa déception. Le masseur-kinésithérapeute de Quiberon pointe du doigt « la superposition des structures financées par l’Assurance-maladie », coûteuses pour le budget de la Sécurité sociale. « Les missions des équipes de soins primaires, des maisons de santé et des CPTS se chevauchent avec des actions identiques comme l’insuffisance cardiaque, la prévention des addictions, l’accès aux soins non programmés. Il y a eu des conflits entre les acteurs car on ne sait pas qui fait quoi », témoigne-t-il.
Actuellement, 732 CPTS sont réparties sur l’ensemble du territoire, soit « entre 85 et 90 % de couverture », s’est félicitée fin novembre la ministre de la Santé Agnès Firmin Le Bodo dans un entretien au Quotidien. Si la dynamique est amorcée, la dissolution de la CPTS de Quiberon pose la question d’un éventuel mouvement de fond qui mettrait à mal la politique sanitaire amorcée sous le quinquennat Hollande.
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