Peut mieux faire ! Les dernières propositions de l’Assurance-maladie ne conviennent toujours pas aux deux principaux syndicats représentatifs des médecins libéraux. Pour MG France et la CSMF, Thomas Fatôme doit encore améliorer sa copie pour la prochaine réunion multilatérale. Les exigences restent nombreuses.
Côté MG France, si la création d'une consultation longue pour les patients âgés de plus de 80 ans répond bien à « une exigence répétée » du syndicat, son périmètre reste « très restreint », à raison d’une fois par an et par patient. Cette limite « ne répond pas au besoin d'une forte valorisation des soins aux patients les plus complexes », déplore l’organisation.
Dans la même veine, MG France juge « approximatifs » « les montants des rémunérations forfaitaires et leur répartition selon les patientèles, faute d’un outil simple permettant de les évaluer ». La différence de traitement entre généralistes et pédiatres pour la prise en charge des enfants n’est pas non plus « acceptable ». L’organisation considère que les omnipraticiens, qui soignent des enfants tous les jours, devraient bénéficier les mêmes cotations que ces spécialistes pour « les mêmes actes ».
Des objectifs non atteignables
MG France note aussi dans la copie de Thomas Fatôme des « incohérences ». Si le cumul de l’acte de base avec certains actes techniques est ouvert aux généralistes, « pourquoi il n'est pas possible par exemple pour la pose d'un implant contraceptif », alors qu’il est possible pour un dispositif intra-utérin (DIU). Au passage, le syndicat rappelle que les propositions de valorisation des actes en soirée dans le cadre du service d’accès aux soins (SAS) et de la permanence des soins, hors garde et qui semblent « intéressantes », « ne doivent pas favoriser une activité exclusive dans ce cadre, au détriment de l'activité de médecin traitant ».
Enfin, les engagements collectifs demandés sur les « économies de prescriptions ou d'accès facilité aux soins » ne sont pas « atteignables ». « En particulier parce que les médecins ne sont ni responsables du coût du médicament, ni de la démographie en berne, conséquence du manque d'attractivité de leur métier pourtant maintes fois souligné ».
En tout cas, le syndicat avertit fermement le gouvernement : « Ne pas investir massivement sur la médecine générale, c’est se priver de l’apport décisif d’une profession qui a toujours su s’adapter aux besoins de soins de la population ».
La visite à domicile, oubliée des négos
La CSMF est tout aussi critique. Si certaines avancées demandées pour valoriser en particulier les conditions d’exercice de certaines spécialités médicales sont saluées, « la copie de la Cnam doit encore évoluer », écrit le syndicat présidé par le Dr Franck Devulder. Sa première demande concerne les généralistes. Tout comme MG France, le périmètre prévu pour la consultation longue doit à tout prix évoluer, à raison de deux fois par an. La centrale polycatégorielle déplore « l’absence de revalorisation de la visite à domicile », une demande de longue date de sa branche généralistes. Or « cette absence va entraîner une augmentation des passages aux urgences pour les patients qui ne peuvent pas se déplacer aux cabinets », déplore la CSMF.
Pour la centrale polycatégorielle, la Cnam devra aussi faire de nouveaux efforts pour les spécialistes hors médecine générale, notamment pour les disciplines médico-techniques. « Refuser l’augmentation du point de travail de 4 centimes n’est pas acceptable », argumente la CSMF. Il en est de même pour les mesures sur la nomenclature dans l’attente de la nouvelle classification commune des actes techniques (CCAM), en cours de refonte. La revalorisation de 5 % du coefficient de charge est une « mesure aussi injuste qu’insuffisante » pour valoriser le coût de la pratique.
Un système d’intéressement qui « frise le ridicule »
Pour modérer les dépassements d’honoraires, la refonte des objectifs de l’Optam (option pratique tarifaire maîtrisée) fait partie des demandes de la CSMF. Mais les propositions de la Cnam ne concernent que les anesthésistes (Optam-ACO). De fait, « l’objectif de la Cnam d’augmenter de 5 % le nombre de médecins signataires de ces contrats ne pourrait pas être atteint », juge le syndicat.
Enfin, la CSMF estime que « l'incitation proposée » sur le mécanisme d’intéressement à la prescription de biosimilaires « frise le ridicule ». « Le partage doit être fait à 50/50 », affirme le syndicat. La Cnam a présenté pour l’instant un calendrier dégressif sur trois ans où les économies générées reviennent à 30 % pour les médecins libéraux et à 70 % pour l’Assurance-maladie pour la première année ; respectivement à 20 % et 80 % pour la deuxième année ; puis à 10 % et 90 % pour la troisième année.
Au-delà de ces points de blocage, MG France et la CSMF ne cachent pas leur inquiétude sur le flou entretenu par la Cnam sur le calendrier d’application des revalorisations tarifaires. « Le choc d’attractivité c’est maintenant et ce n’est pas négociable. Nous n’avons que trop attendu », insiste de nouveau la Conf’.
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