À l’été 2018, l’autorisation faite au Dr Jérôme Cahuzac d’exercer la médecine générale quelques semaines seulement après sa condamnation à quatre ans de prison, dont deux ferme (il était finalement resté libre mais contraint de porter un bracelet électronique, N.D.L.R.), pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, avait fait polémique.
Furieux que l’ancien ministre délégué au Budget puisse pratiquer la médecine malgré sa condamnation, le Dr Alain Choux, médecin généraliste installé à Paris, avait alors déposé plainte auprès de l’Ordre de Corse du Sud auquel était inscrit l'ancien ministre pour l’empêcher d’exercer. « Je suis légaliste. Ce n'est pas parce qu'on a été puissant qu'on doit échapper aux règles, expliquait alors Alain Choux au Généraliste pour justifier sa demande de radiation de l’Ordre du Dr Cahuzac. Avec cette plainte, j'espère faire mentir cette fable de La Fontaine : "Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir". »
Deux ans après son recours — et quelques jours seulement après la fin de la peine de Jérôme Cahuzac — le Dr Choux, désormais retraité, a reçu samedi la décision rendue par la chambre disciplinaire de première instance (CDPI) de l’Ordre du PACA. Soulignant notamment que Jérôme Cahuzac avait « déjà fait l’objet d’une sanction disciplinaire prononcée (…) par la CDPI d’Île-de-France pour des faits semblables liés à la fraude fiscale dont il s’est rendu coupable », la chambre a rejeté la plainte d’Alain Choux. « Le "principe non bis idem" fait obstacle à ce que le Dr Cahuzac soit à nouveau sanctionné pour de tels faits », indique la décision, dont Le Généraliste a eu copie.
Un appel pour défendre « l’honneur de la profession »
Une décision dont Alain Choux fera appel dans les prochains jours. Le généraliste estime que celle-ci est entachée de « fautes de droit gigantesques » et que sa plainte a été rejetée « sur de mauvais arguments ». « C’est une parodie de justice », s’agace-t-il. Le praticien a toutefois bon espoir que l’étude du dossier par la chambre disciplinaire du Conseil national de l’Ordre des médecins, à la suite de son appel, lui donne raison.
Se défendant d’avoir « quelque chose de spécial » contre Jérôme Cahuzac, le Dr Choux assure continuer à se battre pour empêcher l’ancien ministre d’exercer afin de défendre « l’honneur de la profession ». Le généraliste affirme ainsi qu’en 2018, l’autorisation d’exercer accordée à Jérôme Cahuzac lui avait valu de nombreuses interrogations de la part de ses patients. « La profession est suffisamment critiquée pour ne pas laisser en plus des personnes comme lui dans le sérail », s’indigne-t-il. Et d’ajouter : « c’est une honte permanente pour le corps médical. Il n’a tué personne mais le Bulletin officiel du ministère de la Justice du 24 septembre 2013 dit qu’une "condamnation pénale est de nature à remettre en question la moralité professionnelle d’une personne, ce qui constitue une condition d’inscription à l’Ordre" ».
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