Les syndicats d'étudiants, d'internes, de médecins libéraux et les fédérations hospitalières ont exposé mercredi et jeudi à l'Assemblée nationale leurs propositions pour lutter contre la désertification médicale et améliorer la répartition des praticiens sur le territoire.
Ils étaient auditionnés par une commission d'enquête sur l'égal accès aux soins des Français sur l'ensemble du territoire, pilotée par Philippe Vigier, député UDI d'Eure-et-Loir.
« Aucun territoire de la République ne sera épargné par la désertification médicale : sans doute l’urgence est-elle plus importante pour les territoires ruraux et dans les banlieues, mais le cœur des métropoles eux-mêmes connaissent leurs premières difficultés. Il s’agit donc d’une problématique globale et d’une urgence nationale », affirmaient dans une résolution les députés de l'UDI qui avaient sollicité cette commission.
Devant les parlementaires, la profession a énuméré de nombreuses propositions de réformes – toutes incitatives – devant permettre d'améliorer la situation démographique.
De l'importance des stages au cabinet
« Il faut faire comprendre à la population que l'exercice Balzacien de la médecine est derrière nous, a déclaré le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Nous ne mettrons pas un médecin au pied de chaque clocher. » Le leader syndical a rappelé l'appétence de la jeune génération pour le travail en équipe et a invité les pouvoirs publics à « développer les consultations avancées et l'exercice multisites.
Les jeunes ont quant à eux réclamé l'ouverture des stages en libéral dès le 2e cycle pour découvrir et préparer leur véritable exercice professionnel en médecine de ville.
Plusieurs représentants de la profession ont souligné l'importance des maisons de santé universitaires (MSU) dans les zones sous dotées.
« Le jeune médecin s'installe dans les zones qu'il connaît. Les stages extra-hospitaliers permettent d'apprendre au plus près de leur futur métier », explique Maxence Pithon, président de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), qui a plaidé pour le déploiement des internats ruraux pour faciliter l'accueil des futurs médecins.
L'installation, une marche trop haute
Les syndicalistes ont convenu des difficultés d'entrée en exercice. « La marche est trop haute pour s'installer en libéral, a reconnu le Dr Luc Duquesnel président des Généralistes CSMF. Il faut diminuer ces marches grâce à l'assistant, un remplaçant qui peut travailler en même temps que le médecin, ou grâce au collaborateur libéral. Ces dispositifs fonctionnent, ils permettent de gagner du temps et d'augmenter l'offre de soins. »
Le patron du SML, le Dr Philippe Vermesch, a invité les parlementaires à ne pas céder aux mesures coercitives : « Il faut un bouquet de solutions contre les déserts », a-t-il précisé avant de lister l'allégement de cotisations dans le cadre du cumul emploi-retraite, la création d'un statut de collaborateur, le compagnonnage ou encore la télémédecine pour renforcer l'accès aux soins.
Les représentants de MG France ont eux souligné l'importance de « cesser le dénigrement systématique de la médecine générale. »
« Il faut maintenir les médecins généralistes en activité et éviter qu'ils ne passent en burn-out, a insisté le Dr Margot Bayart, vice-présidente de MG France. Les médecins passent 30 % de leur temps à gérer de l'administratif. »
[VIDEO] Dr Marguerite Bayart, CE Egal accès aux soins, 26/04/18
La question de la désertification concerne aussi l'hôpital. « 26 % de postes de praticiens hospitaliers et 46 % des postes de PH à temps partiel sont non pourvus », a rappelé Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France.
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