Je suis installé depuis huit ans, alors que le numerus clausus était encore à 3 500, nous n'avions pas alors à nous battre pour être correctement formé… Déjà, la médecine générale ne faisait plus rêver mais j'étais de ceux qui avaient parié sur une remise à plat du système qui me semblait inévitable avec un médecin généraliste mieux équipé et mieux entouré.
Je constate aujourd'hui que nous continuons de travailler comme au XIXe siècle, seul, à voir à la chaîne des pathologies qui ne nécessiteront pas nos compétences pour un tarif de consultation si ridicule qu'il en devient humiliant. Alors, faut-il continuer ainsi encore pendant trente ans avec le recul d'une retraite que nous n'aurons pas et pour, finalement, laisser un outil de travail valorisé à zéro ? Certains se demandent encore pourquoi personne ne fait la queue malgré l'augmentation du numerus clausus ? Les nouvelles générations ont peut-être tous les défauts mais elles sont probablement plus lucides et ne peuvent être tenues responsables de l'état de décrépitude de notre profession…
Certains diront que mes propos sont excessifs et je peux les comprendre. Pourtant à bien y réfléchir, ils ne sont que la transcription brute des échanges, des états d'âme, des doutes et des peurs de mes prédécesseurs et d'un certain nombre de futurs jeunes médecins qui à l'heure du choix de leur carrière décident de ne pas s'engager dans l'exercice libéral pourtant au cœur du métier pour lequel ils ont été formés. Certains syndicats, décideurs politiques y voient une méconnaissance des « atouts » de notre profession, une peur de s'engager financièrement… et proposent depuis dix ans des solutions dont le seul but semble être de ne pas toucher à une organisation du système de soin pourtant au centre de la problématique.
Car la seule véritable question est : vous qui êtes installés depuis x années, avez-vous ou exercez-vous la médecine de la façon dont vous l'aviez envisagée, avez-vous le sentiment d'être utilisé par le système de manière optimale ? Soignez-vous comme vous le souhaiteriez ?
Si nous voulons inverser la tendance démographique, il faut replacer le médecin généraliste à sa juste place dans le parcours de soins, lui donner la possibilité de déléguer les tâches subalternes, de valoriser la prise en charge ambulatoire en lui donnant les moyens d'investir humainement et techniquement . Pour résumer, donner à nos futurs confrères des perspectives d'avenir, de développement et une activité à la hauteur de la formation que l'on exige d'eux…
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