Des fonds privés pourront-ils demain devenir propriétaires des maisons de santé ? C’est ce que craignent les infirmières libérales de la Fédération nationale des infirmières (FNI) qui cirent au loup sur la foi d’une récente newsletter interne aux adhérents de la Fédération des maisons et pôles de santé (FFMPS). Dans ce courriel, la FFMPS, que préside le généraliste Pierre de Haas, sollicite la réponse de ses adhérents sur la question. « Plusieurs fonds privés nous ont démarché pour investir dans des MSP. Placement intéressant pour eux, car les professionnels de santé payent bien, et surtout sont plutôt stables » peut-on lire. « Nous avons besoin de savoir si vous êtes confrontés à des demandes de la part de collègues en projet de regroupement d’investisseurs privés. Si c’est le cas, nous allons organiser une demi-journée de travail avec des investisseurs pour cadrer la situation et tenter d’orienter correctement les professionnels vers les bons investisseurs » poursuit-il.
Risque de privatisation ?
La FNI, qui révèle cette note interne, dénonce, dans cette initiative, « une stratégie sous-jacente, conduisant à glisser d’un système financé par l’Assurance maladie vers une privatisation progressive du premier recours au détriment des soins de proximité ». « Les professionnels de santé ont-ils vocation à fournir des rentes à des investisseurs privés ? » s’interroge le syndicat infirmier.
Interrogé par legeneraliste.fr, Pierre de Haas, de son côté, accuse le syndicat infirmier d’avoir « récupéré et manipulé des notes ». Tout en confirmant qu’il y a bien des investisseurs privés intéressés par les MSP, il dédramatise. Les investisseurs privés qu’ils soient banquiers, fonds privés, ou assurances, préféreraient, selon lui, mettre de l’argent dans la pierre au lieu de le jouer sur les marchés financiers. Et de revenir sur l’histoire des maisons de santé : jadis propriété des professionnels, les communautés de communes et les municipalités ont financé la construction de celles de deuxième génération où les blouses blanches sont locataires. Or, selon lui « la nouvelle génération ne veut pas investir. Les Mairies non plus. Nous sommes préoccupés par la constitution de nouvelles équipes de soins de premier recours. Les investisseurs privés n’interféreront pas avec la politique de santé ni avec les professionnels » assure-t-il.
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