Alors que l’accord conventionnel interprofessionnel (ACI) sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) vient tout juste d’être signé, l’URPS Île-de-France s’inquiète du lancement de projets « opportunistes » dans sa région. Contacté par Le Généraliste, le président de l’union francilienne, le Dr Bruno Silberman, explique que « des personnes se sont précipitées dans la porte ouverte des CPTS, et pas toujours pour de bonnes raisons ». Un phénomène qui a conduit l’URPS IDF à publier fin juin une lettre ouverte adressée à l’ARS ainsi qu’aux CPAM et médecins franciliens.
Argent et pouvoir
Pour le Dr Silberman, les créations de certaines CPTS sont motivées par l’appât du gain — avec l’ACI, une CPTS peut percevoir jusqu’à 380 000 euros d’aides de la Cnam — et/ou du pouvoir. Un même territoire ne pouvant être couvert que par une CPTS, les premiers arrivés sont les premiers servis. Et peu importe si leur projet n’est pas le plus abouti, selon le Dr Silberman. « Quand on regarde de près certaines CPTS qui se créent, elles comportent tout juste 5 % des généralistes et aucun spécialiste, sur des territoires de 100 000 habitants », confie-t-il.
Face à cette situation, l’URPS se pose donc en « lanceur d’alerte ». « Les CPTS doivent être le fruit d’une concertation, d’une coordination entre des gens qui ont envie de travailler ensemble, plaide le président de l’URPS IDF. Il faut prendre le temps, attendre que les projets se construisent vraiment, qu’il y ait du corps et suffisamment de professionnels. »
« Affirmer que ces solutions fonctionnent »
L’URPS francilienne appelle donc l’ARS et les CPAM à « respecter tous les projets », à « ne pas industrialiser un modèle unique à l’échelle d’un département » et donc à ne pas attribuer les territoires aux premiers venus, comme cela est actuellement le cas selon le Dr Silberman. Car pour le président de l'URPS, la création de CPTS « opportunistes » est également motivée par la « volonté d'affirmer que ces solutions fonctionnent ». Il suppute donc l'existence d'« objectifs gouvernementaux ». Pour rappel, la création de 1 000 CPTS d’ici 2022 figurait parmi les mesures phares du plan « Ma Santé 2022 », présenté par Emmanuel Macron en septembre 2018.
« Il faut que ça marche, mais de manière intelligente et raisonnée », conclut le Dr Silberman.
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