Comment se déroule une journée ordinaire de soignants volontaires partis à l’appel de la commission Action humanitaire de SOS Médecins, co-organisateur de la mission Urgence Mayotte ? Simple.
« On se lève à 5 h 30 du matin pour préparer l’ouverture du poste médical avancé du stade. À 6 h 30, les consultations commencent et se poursuivent toute la journée jusqu’à 16 h 30 », sourit la Dr Nathalie Thévenot, un brin de fatigue dans la voix. La généraliste strasbourgeoise de 49 ans a atterri sur l’île il y a une douzaine de jours. Elle fait partie de la deuxième rotation de SOS médecins à se rendre sur place. En tout, ce sont cinq médecins généralistes qui succèdent à leurs prédécesseurs, arrivés toute fin janvier.

Leur quotidien, sur l’île, plus de deux mois après le passage du cyclone Chido ? « On voit beaucoup de médecine générale, énormément de plaies et d’infections dermatologiques qu’on renvoie au centre hospitalier de Mamoudzou (CHM) pour être opérées. Avec le temps chaud et humide, ça s’infecte très rapidement », témoigne la Dr Thévenot. Mais les soins ne sont pas prodigués uniquement par les médecins. C’est un travail d’équipe.

Rattrapage vaccinal scolaire
« Beaucoup de pansements sont faits par notre équipe infirmière avec qui nous travaillons en parallèle », insiste-t-elle. Une occasion pour les généralistes venus de l’Hexagone de se rendre dans les écoles mahoraises à proximité. Sur l’île, la rentrée scolaire a commencé, bien qu’en ordre dispersé, le 27 janvier. « La semaine dernière, deux de nos médecins sont partis dans un lycée sur Mamoudzou pour travailler avec l’équipe du CHM », poursuit la Dr Thévenot. Objectif : assurer une campagne de rattrapage vaccinal DT Polio, ROR et papillomavirus auprès des élèves et en profiter pour faire un dépistage de l’état de santé physique et mental des enfants. Ce qui leur permet d’épauler, autant que faire se peut, l’infirmière scolaire de l’établissement qui est seule, en l’absence de médecin scolaire, à essayer d’assurer le suivi de près de 2 000 élèves.
Et pendant ce temps, comment se passe la journée du reste de l’équipe restée au camp de Mamoudzou ? Elle tente d’absorber, au fil de l’eau, la file des personnes présentes depuis l’ouverture. « La vie commence au lever du soleil à Mayotte », s’amuse Nathalie Thévenot. Mais l’équipe de SOS s’est organisée en conséquence. Elle a déjà monté deux salles d’attente, ou patiente une vingtaine de Mahorais. Tandis que trois postes de médecins s’affairent en parallèle à accueillir les nouveaux arrivants. « C’est la vie sur place. Toute l’équipe dort en tente, on fait face aux urgences et au quotidien ensemble. C’est un super esprit de groupe », conclut, pour cette journée, la généraliste strasbourgeoise.

La loi d’urgence pour Mayotte publiée au « Journal officiel »
La loi d’urgence pour Mayotte a été publiée au Journal Officiel du 25 février. Objectif : aider l'archipel ultramarin à se reconstruire après les dévastations causées par le cyclone Chido, dans la nuit du 13 au 14 décembre. Le gouvernement a désormais un mois pour remettre au Parlement un bilan exhaustif de la catastrophe, incluant le nombre de personnes décédées, disparues, blessées et amputées lors du passage du cyclone.
Cette loi d’urgence ne contient pas le volet santé du plan « Mayotte debout » présenté par le Premier ministre François Bayrou lors de son passage sur l’archipel, le 30 décembre. Le gouvernement s’est engagé à garantir un maintien des droits des patients mahorais, afin de leur permettre de renouveler leurs traitements même en cas d’ordonnance perdue. Côté soignants, la trésorerie des professionnels de santé libéraux sera sécurisée. Ces deux mesures sanitaires (ainsi que quelques autres) devraient trouver leur traduction législative dans un projet de loi de refondation, qui comprendra « des mesures plus structurelles permettant le développement économique et social du territoire sur de nouvelles bases », a annoncé le ministre des Outre-mer Manuel Valls lors du conseil des ministres du 8 janvier. Le texte devrait être présenté dans les prochaines semaines au Parlement.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique