Pour mettre fin à la crise des urgences, Agnès Buzyn a fait savoir cette semaine qu'elle comptait sur la mobilisation des médecins libéraux. Une première série de mesures ont été annoncées cette semaine, en attendant la remise du rapport Carli-Mesnier lundi 9 septembre. Le gouvernement souhaite notamment autoriser les Samu à envoyer une ambulance vers un cabinet de ville ou une maison de santé si le patient en relève pas des urgences. Agnès Buzyn propose également de pratiquer l'avance de frais sur la part AMO afin que les patients trouvent le même avantage à aller chez le généraliste qu'aux urgences.
Selon MG France, ces mesures vont dans le bon sens mais doivent s'accompagner d'une réelle organisation et valorisation de la prise en charge des soins non programmés en ville. « Il faut promouvoir le bon usage du service de soins et pour cela une régulation ambulatoire par le 116 117 est nécessaire », martèle le Dr Jacques Battistoni. Le président du syndicat estime qu'un numéro unique santé, le 15, comme le défend notamment le député LREM de Charente Thomas Mesnier, n'est pas la réponse adaptée. « La réalité est qu'aujourd'hui le 15 est déjà surchargé avec des temps de décroché qui augmentent et sont donc synonymes de perte de chances, ajoute la vice-présidente Dr Margot Bayart. Nous continuerons donc de défendre une régulation ambulatoire connectée au centre 15. »
Pour une cotation spécifique des soins non programmés
MG France insiste également sur la nécessité de valoriser les médecins généralistes effecteurs qui prendraient en charge des soins non programmés. « Une étude que nous avons menée dans le Gers a conclu que la charge de travail correspondant aux passages inappropriés aux urgences est d’environ un acte par jour et par médecin généraliste. Ils doivent donc être encouragés à s'organiser pour les soins non programmés », estime le Dr Bayart.
À compter de 2020, un indicateur affecté de 150 points, soit 1 050 euros par an, sera ajouté au forfait structure pour valoriser la "participation à une organisation proposant la prise en charge de soins non programmés dans le cadre d’une régulation territoriale". Pour MG France, ce geste de l'Assurance maladie accordé au printemps dernier lors des négociations de l'accord sur le financement des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), n'est pas suffisant. Le syndicat demande également une majoration de l'acte pour les soins non programmés réalisés en régulation, sans pour autant préciser le montant souhaité. Cette cotation spécifique serait mise en place pour les « actes réalisés à la demande du centre de régulation des appels ». « Cette cotation doit inciter les médecins généralistes à adapter leurs agendas déjà chargés à ces demandes de soins, dans le cadre des organisations territoriales qui se mettent en place progressivement », analyse MG France.
Élargir la VL
Enfin, le syndicat du Dr Battistoni milite toujours pour élargir la Visite longue (VL 70 € à raison de 3 par an et par patient) à toutes les personnes dépendantes. Cette consultation complexe à domicile est actuellement réservée aux patients en soins palliatifs ou souffrant de maladies neurodégénératives. « Selon les derniers chiffres du Sniiram, seules 177 000 VL ont été cotées par les généralistes en 2018 pour 18 millions de visites à domicile, soit moins de 1 %. C'est trop peu », estime le président de MG France. Selon lui, la possibilité de coter plus souvent la VL pourrait aussi être synonyme de moins de passages aux urgences. « Nous allons à nouveau le proposer à l'occasion du plan dépendance prévu par le gouvernement », assure le généraliste.
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