Je suis surpris de l’optimisme délirant de notre confrère Pierre de Haas. Tout d’abord, au cours de la 3e journée de la FNMPS de TOURS, dans son exposé des faits et sa présentation des chiffres, il a fait état de 436 MSP à ce jour, de 500 projets qui devraient voir le jour et veut nous présenter ce mode comme incontournable demain.
Il manque à son discours son thème habituel : « Jusqu’à présent vous travailliez dans l’obscurantisme, je vous apporte la lumière pour demain » qui m’a toujours laissé la désagréable impression que je n’étais qu’un sombre idiot, mais qui, surtout, m’a rappelé de me méfier de tout concept de pensée unique salvatrice à tous les maux…
Aujourd’hui le bilan des MSP sur 116 000 médecins libéraux répartis en 55 500 spécialistes et 60 500 généralistes c’est aussi :
- la mise à l’écart du système des 55 500 spécialistes libéraux dont Pierre de Haas, selon ses propres dires à Reims, en réunion publique, ne se soucie pas ;
- une perspective de 3 000 médecins généralistes (3 en moyenne par MSP pour 1 000 MSP) sur 60 500 généralistes exerçant en cabinets de groupe ou individuels, donc une mise à l’écart de 57 500 médecins généralistes environ. Donc la mise à l’écart du système de santé de 113 000 médecins libéraux soit 97,4% des libéraux !!!
- La volonté affichée de diriger vers ce système très minoritaire des subsides publics qui n’existent pas.
(je rappelle que l’on cherche 50 milliards d’économies à faire sur les dépenses publiques, la santé fait partie des dépenses publiques sollicitées en participation à l’effort national et que l’Assurance Maladie est déficitaire.
Je précise aussi à ceux qui voudraient voir dans le milliard d’euros non dépensé de l’ONDAM de ville en 2013, une possibilité de financement, que cette somme représente un emprunt que la société n’a pas eu à contracter et non un bénéfice...
Sera-t-il demandé aux 113 000 médecins écartés du « système De HAAS » de renoncer aux justes revalorisations de leurs actes afin de diriger vers eux une inexistante manne financière au seul profit des MSP ?
Trouvera-t-on les besoins en financements dans la baisse de la valeur de certains actes (radiologie, biologie..., comme par le passé, et pourquoi pas du C, soyons fous) pour financer les besoins en eurosdes MSP afin de leur permettre de fonctionner, de survivre ?
Une existence reposant sur des subventions
Contrairement à ce que pensent nombre de nos confrères, il peut être demandé la restitution des subventions pour différents motifs, le premier étant une non-réalisation du cahier des charges, une autre pouvant reposer sur l’octroi de subventions faussant le jeu naturel de la concurrence…il y en a d’autres.
Pierre de Has se voit aussi en phase avec l’UNOF et MG France en constatant la participation à la 3e journée de la FNMPS de Claude Leicher pour MG et Luc Duquesnel pour l’UNOF, branche généraliste de la CSMF, et dont il dit que l’un et l’autre sont personnellement engagés sur des projets type MSP.
D’où de légitimes interrogations pour 97,4% des médecins à savoir :
- ne doit-on pas s’attendre à des négociations par trop favorables à ce concept très minoritaire de MSP ? Et au détriment de qui en cette période de vache maigre ?
- n’y a-t-il pas conflits d’intérêt pour Claude Leicher et Luc Duquesnel à participer (si ils y participent) à des négociations avec risque de voir favoriser un mode très minoritaire d’activité auquel eux adhérent alors qu’ils sont censés représenter l’intérêt général ? (3 000/116 000 libéraux).
En revanche, on ne parle jamais dans ce dossier MSP de ce qui ne réussit pas.
Et pourtant, dans « L’Est Républicain » du 20 février 2014, une lecture attentive permet de savoir que selon l'ARS Lorraine, « sur 23 maisons médicales pluri-professionnelles, 9 ont des difficultés financières et pratiquement toutes ont des problèmes de protocolisation dans les relations professionnelles ».
Peut-être que Pierre de Haas et quelques autres ne lisent pas ou ne veulent pas lire « L’Est Républicain » ?
Et surtout pourquoi aucune évaluation sérieuse du fonctionnement des MSP n'est faite, à partir d’un existant qui s’est créé à grands coups de millions d'euros publics...
L'ARS Lorraine a fait une analyse, une évaluation et le résultat n'est pas probant... Une évaluation nationale serait donc la bienvenue avant d’aller plus loin, avant de possiblement entraîner toute la profession dans le mur.
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