« Ce qui a été créé n’a pas très bien fonctionné ». Bruno Silberman, président de l’URPS Île-de-France vise notamment les CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de Santé) et autres PTA (Plateforme Territoriale d'Appui) introduites dans la nouvelle loi de santé et censées améliorer la coordination des soins. Un an après la promulgation du texte, l’URPS médecins libéraux d’Île de France a interrogé 705 praticiens libéraux, dont 383 généralistes, sur la coordination des soins pour les patients complexes et dévoilait ce jeudi les résultats de cette consultation.
Résultat, neuf généralistes sur dix confient rencontrer des difficultés dans la prise en charge de ces patients. Qu’est-ce qu’un patient complexe quand on est médecin de famille ? Pour 72 % d’entre eux, il s’agit d’un patient polypathologique et âgé, isolé (50 %) ou en fin de vie (31 %). Face à ces cas complexes, les principales difficultés proviennent du rapport avec l’hôpital, avec quatre des six principales difficultés citées, mais aussi de la prise en charge sociale et administrative et du maintien à domicile de ces patients.
Pour traiter ces patients, les généralistes ont largement recours aux infirmiers (sollicités par 91 % d’entre eux), aux kinés (87 %) et aux confrères spécialistes (84 %). Et si dans l’ensemble, les généralistes se montrent satisfaits de ces correspondants, ils rencontrent des difficultés avec les patients ayant des problèmes de santé mentale, « en raison de la raréfaction de l’offre de psychiatre », selon Agnès Giannotti, membre de la commission « coordination et territoires » de l’URPS Île de France et coordinatrice de l’enquête. Et ce ne sont pas les centres médico-psychologiques, difficilement joignables pour 83 % des médecins et qui ne répondent pas à leurs besoins dans 65 % des cas, qui vont redresser la barre.
Face à ces difficultés de prises en charge, les « solutions des médecins franciliens sont très basiques », note-t-on du côté de l’URPS. Ainsi, 56 % des généralistes estiment qu’une des solutions pour les aider dans les prises en charge complexes est l’accès à un annuaire téléphonique direct de ressources médicales et paramédicales locales. « Très peu ont le numéro de portable de leur correspondant, permettant un accès direct », estime l’URPS.
Surtout, l'Union Régionale appelle à une simplification des démarches. S’il se défend de « donner des leçons aux autres régions ou à qui que ce soit », Bruno Silberman estime qu’en termes de coordination des soins, « il ne faut pas avoir des cahiers des charges trop compliqués, réfléchir à ce qu’attendent nos confrères et faire émerger des initiatives locales ».
D’autant que les généralistes et les spécialistes ne donnent pas la même définition d’un territoire de santé. Les premiers le voient plus comme une zone géographique quand les seconds l’envisagent davantage comme un réseau de professionnels. « Il faut faire remonter ce qui vient du terrain », abonde Agnès Gianotti, surprise par la volonté d’implication des médecins. En effet, 57 % des généralistes ayant répondu sont favorables à la mise à disposition de moyens administratifs partagés entre libéraux pour les prises en charge complexes et 32 % d’entre eux se disent prêts à s’impliquer dans le fonctionnement quotidien.
Et Alexandre Grenier, directeur de l’URPS, de conter l’histoire de cette jeune médecin généraliste fraîchement installée à Paris qui, en l’absence de réseau, a su réunir en un an et demi 65 professionnels dans une sorte d’amicale. « Il faut recréer du lien pour améliorer la coordination des soins », l’URPS Ile-de-France en est convaincue. Il y aurait bien une autre solution pour Agnès Giannotti. Ne plus ignorer la coordination en formation initiale.
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