L’intérêt pour les maisons et pôles de santé ne cesse de se renforcer d’une année sur l’autre. Si besoin était de s’en convaincre, l’affluence que connaissent les Journées nationales de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) permet de s’en faire une idée. Pour cette 5e édition organisée les 11 et 12 mars à Nancy, Pierre de Haas, président de la FFMPS, n’attend pas moins de 700 participants. Et après le passage de Marisol Touraine, l’année dernière, alors aux prises avec les médecins libéraux sur la loi de Santé, c’est au tour de Nicolas Revel de faire le déplacement. Une visite attendue en cette période de négociations conventionnelles qui devrait également être l’occasion d’aborder la question des nouveaux modes de rémunération (NMR). Sujet central à l’heure où « l’augmentation exponentielle des maisons de santé est devenue linéaire », analyse Pierre de Haas, pionnier dans le secteur puisque sa structure de Pont d’Ain remonte à 2006.
Vers les 1 000 MSP à la fin 2017
700, 800, 900… Où en est le compteur de maisons de santé ? Alors que Marisol Touraine avait fixé l’objectif à 1 000 structures sur l’hexagone à l'horizon 2017, il semblerait que ce nombre puisse effectivement être atteint d’ici à la fin de l’année. Se référant à l’observatoire de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), Pierre de Haas note qu’ « en 2015, il y avait 650 MSP, cette année probablement plus de 800, on pense qu’on dépassera les 1 000 à la fin de l’année ». Des pronostics difficiles à faire toutefois, « ça bouge tout le temps » souligne-t-il !
Un optimisme partagé par Pascal Gendry, président de l’Association des Pôles et Maisons de Santé des Pays de Loire (APMSL). Dans sa région, sont recensés « 60 structures ouvertes et 30 projets en cours », précise-t-il, ajoutant que « plus de 1 000 professionnels de santé sont regroupés en MSP en Pays de Loire ». Du côté de la Franche Comté, le nombre de MSP a quasiment été multiplié par dix en dix ans. « Au tout début, en 2006, il y avait quatre ou cinq structures », se souvient Patrick Vuattoux, membre de la FFMPS, « aujourd’hui, il y en a une quarantaine ». Autrement dit, « 15 % des généralistes qui exercent en MSP sont en Bourgogne-Franche Comté », se félicite ce Bisontin. Et de préciser qu’il existe, en plus, « un tas d’équipes qui exercent dans un territoire de proximité mais pas forcément sous un même toit » et qui se coordonnent.
Une réalité ancrée dans les territoires
Les chiffres sont là, les maisons et pôles de santé sont bel et bien une réalité ancrée dans les territoires. Pour autant, la dynamique des débuts n’est plus celle qu’observe Pascal Gendry. À ses yeux, les structures « qui devaient se faire, sont faites. Et aujourd’hui les équipes qui n’ont pas encore vu le jour sont celles qui ont encore plus besoin d’être aidées ». Pour Patrick Vuattoux, si « le mouvement continue et les gens continuent de s’engager », il évolue. Aux « quelques militants du début » succèdent désormais des soignants qui, sans être militants ni des entrepreneurs, souhaitent se regrouper, décrypte-t-il. Autant de professionnels à qui il convient de « venir en aide » car en dépit de leur volonté, « ils ne savent pas toujours comment s’y prendre ».
Pierre de Haas abonde en ce sens : « Maintenant, on arrive sur des gens ‘normaux’ dont l’activité, c’est de soigner des gens, pas de négocier avec les ARS » ou de traiter de sujets comptables, réglementaires ou encore techniques inhérents à la mise en œuvre d’une MSP. C’est d’ailleurs pour répondre à cette préoccupation que la FFMPS a monté, en 2014, une coopérative. Le but de Facilimed est précisément de poser « un diagnostic avec l’équipe » et l’aider à trouver des solutions pour « créer de véritables structures où les gens travaillent en équipe », détaille Pierre de Haas. Une initiative qui n'a pas toujours été du goût de tout le monde, certains redoutant l’avènement d’un modèle unique. Une critique que récuse Patrick Vuattoux. « Ça ne fait pas du ‘copié-collé’ partout », explique-t-il, « on est dans des services à la demande » de chaque équipe. Quoi qu’il en soit, avec ou sans cette société, Pierre de Haas en est sûr, « on ne peut plus travailler tout seul, à l’avenir il n’y aura que des équipes ». Reste à savoir combien de temps prendra cette mue -jugée inéluctable à la FFMPS- dans l’organisation des soins primaires.
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