Hier après-midi Agnès Buzyn a annoncé un nouveau plan urgences. Parmi les 12 mesures qui le composent, pour la première fois plusieurs concernent directement la médecine de ville, la ministre de la Santé déclarant vouloir travailler sur « l’amont » pour désengorger les urgences. « Les professionnels ne doivent pas se jeter la pierre les uns les autres. Ce sujet est l’affaire de tous », a-t-elle déclaré. Pour la médecine de ville, faire partie de ce plan est donc un signal positif. « Nous sommes plutôt satisfaits de voir qu’enfin on considère la médecine de ville comme un acteur des urgences », considère ainsi le Dr Margot Bayart, vice-présidente de MG France.
Demande de revalorisation
Mais pour le reste, les médecins libéraux regrettent que les moyens n’aient pas suivi pour la ville. « C’est un plan à 750 millions d’euros mais rien n’est fait pour redonner de l’attractivité à la médecine libérale et inciter les jeunes à s’installer, alors que la ministre estime qu’à la base de tout il y a un manque de généralistes en ville », explique le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF. La ministre de la Santé mise notamment sur la prise en charge en ville de davantage de consultations sans rendez-vous pour les urgences non vitales. Elle veut s’appuyer notamment sur les CPTS et sur la construction de 50 maisons médicales de gardes près des urgences. Mais pour les syndicats, la structuration des soins non programmés et des gardes en ville nécessite obligatoirement de parler incitations financières et revalorisation. « Pour que des médecins dont l’agenda est déjà surchargé bousculent leur organisation, une reconnaissance est indispensable », estime ainsi le SML. Le syndicat tout comme la FMF demandent une majoration de 15 euros pour les soins non programmés. Pour la PDSA, « les horaires doivent être élargis à la tranche 19-20h, ainsi qu’au samedi matin pour les médecins généralistes », réclame aussi la CSMF dans un communiqué.
Opposés au numéro unique
La mesure phare du plan urgences, qui concentre presque la moitié du budget, est la création du SAS (service d’accès aux soins). Ce service sera chargé de répondre à la population à toute heure par téléphone et en ligne pour informer et orienter les patients. Si pour l’instant les médecins libéraux sont dans le flou sur la forme que prendra le SAS, certains redoutent déjà « l’usine à gaz », et rappellent leur attachement à un numéro de régulation dédié à la médecine libérale, le 116-117.
« Le SAS ne doit pas être une organisation centrée sur l’hôpital, sous forme d’un numéro unique issu de la régulation hospitalière », déclare la CSMF. Pour le Dr Bayart un numéro unique serait « une perte de chance pour les patients ». Le SML de son côté demande « une évaluation des expérimentations menées dans cinq régions (sur le 116-117), où un recul des recours aux urgences a été observé dans les territoires concernés ».
De manière générale les médecins de ville appellent le gouvernement à faire confiance aux initiatives de terrain. Le syndicat des remplaçants et jeunes médecins ReAGJIR mise ainsi sur des « CPTS à la gouvernance claire et disposant de moyens suffisants » et sur un « soutien aux initiatives locales nombreuses et efficaces ». « On attend avec impatience de voir quel accueil sera fait à toutes les initiatives d’organisations déposées par les médecins dans le cadre de l’article 51 », ajoute le Dr Hamon.
Si les réactions des médecins de ville sont mitigées, la société française de médecine d’urgence (SFMU) s’est dite « satisfaite des solutions proposées », tout comme la Fédération Hospitalière de France (FHF) qui estime que les mesures « constituent une première avancée ». La Fédération nationale des infirmiers (FNI) ou la Fédération Française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR) ont également plutôt bien accueilli les mesures concernant leur profession. Mais le collectif Inter-Urgences à l’origine de la grève qui touche les urgences n’a pas été satisfait de ces annonces, tout comme l’association des médecins urgentistes de France (Amuf). La mobilisation se poursuit donc dans les services d'urgence.
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