Les aides publiques censées endiguer la désertification médicale coûtent près de 225 millions d'euros par an et « ont fait la preuve de leur insuffisance », selon un rapport parlementaire publié jeudi, qui ne propose pourtant pas de supprimer ces incitations financières.
Le rapporteur de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur « l'égal accès aux soins » et « l'efficacité des politiques publiques contre la désertification médicale », le député (UDI) Philippe Vigier, dresse un « bilan très mitigé des aides fiscales » accordées aux médecins et critique « les effets d'aubaine » des aides à l'installation versées par l'Assurance maladie.
« Les dispositifs incitatifs, qui ont fait la preuve de leur insuffisance, s'avèrent en outre coûteux », ajoute-t-il, sans demander pour autant leur suppression.
Au contraire, la commission d'enquête suggère de renforcer certains dispositifs, comme le contrat d'engagement de service public (CESP), qui permet à des futurs médecins promettant de s'installer au moins deux ans dans un désert médical de recevoir jusqu'à la fin de leurs études une bourse de 1 200 euros par mois, montant que les députés souhaitent porter à 1 500 euros.
Suppression du numerus clausus
Le rapport suggère aussi d'exonérer les médecins en cumul emploi-retraite « de toute cotisation » à l'assurance-vieillesse.
Pour pallier le manque de médecins, les parlementaires préconisent par ailleurs d'autoriser pharmaciens et infirmières à vacciner et à prescrire certains traitements.
À plus long terme, la suppression du numerus clausus est envisagée, ce quota d'étudiants en médecine étant alors remplacé par un « numerus apertus », c'est-à-dire « un nombre minimal de places défini à l'échelle nationale et qui pourrait être augmenté par région ».
Certaines proposions de Philippe Vigier ont en revanche été écartées par la commission, notamment l'augmentation du tarif de la consultation à 35 euros pour les médecins généralistes dans les déserts médicaux, ainsi que le « conventionnement sélectif » pour « dissuader l'installation dans les zones surdotées ».
« Chaque mesure doit être proposée sans surréaction » et ne doit pas « renforcer les appréhensions des futurs jeunes médecins », explique le président de la commission d'enquêté, le député (LREM) Alexandre Freschi.
(Avec AFP)
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