Parmi les mesures annoncées par Jean-Marc Ayrault, la mise en place d’un compte pénibilité permettrait aux salariés exerçant des métiers pénibles de partir plus tôt à la retraite. Devrait-on élargir ce dispositif à certaines professions libérales dont les médecins ? C’est oui pour la CSMF qui estime qu’il serait « légitime » qu’un compte pénibilité « spécifique » puisse être créé pour les médecins libéraux. Gardes de nuit, absence de repos compensateur, stress, insécurité… Autant de facteurs qui mineraient la santé physique et le bien-être psychologique des blouses blanches. Du même avis, Jean-Paul Hamon (FMF) rappelle que chez les médecins libéraux « on se flingue trois fois plus qu’à France Télécom » et demande que « la pénibilité soit reconnue ». Le chef de file la Conf’, Michel Chassang, imagine déjà que les Caisses qui prennent en charge une partie des cotisations, puissent, un jour, tenir compte de la pénibilité en permettant aux médecins libéraux, soit un départ à la retraite anticipé, soit une formation ou une reconversion.
À MG France, on préfère plutôt parler « d’équité » que de pénibilité en attirant l’attention sur l’insuffisance des retraites des médecins libéraux, notamment des femmes, qui ont demandé pendant leur jeunesse ou leur maternité une dispense partielle des cotisations et se retrouvent aujourd’hui avec des trimestres non validés.
Sur la question des cadences infernales, tout le monde n’est sur la même longueur d’onde. Ainsi Éric Bouchard (SML) souligne que l’exercice libéral impose à la fois des avantages et des contraintes. « On les assume », dit-il. Alors que du côté de la CARMF, la question de la pénibilité laisse plutôt perplexe. « En quoi le métier de médecin serait plus pénible que celui d’agriculteur ou de militaire ? », s’interroge Gérard Maudrux qui qualifie la proposition de la CSMF de « démagogique ». « Il faudrait certes que le travail de nuit soit mieux rémunéré, mais ça ne concerne pas la retraite. Qu’ils ne demandent pas à la CARMF de financer a posteriori un compte pénibilité ! ». Son bras droit, Jean-Yves Léopold, ne pense pas, lui non plus, qu’on puisse intégrer le métier de médecin dans les métiers pénibles. « Il n’y a pas un médecin mais des médecins et entre eux il y a trop de disparités. Certes, ils ont des responsabilités, des tensions… Mais on ne peut pas comparer cela aux métiers de l’usine ou de l’agriculture où la pénibilité physique est considérable ».
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