La semaine dernière, une vingtaine de chefs de pédiatrie d’Ile-de-France s’alarmaient d'une possible crise sanitaire liée au manque d’internes de médecine générale dans leur service pour le semestre qui va débuter début novembre. Les hôpitaux de la grande couronne principalement, délaissés par les IMG, – 168 postes non pourvus – ont dénoncé une situation préoccupante et des ouvertures de postes faites sans concertation et sans prise en compte des besoins des établissements. Dans un communiqué publié vendredi, l’ARS Ile-de-France reconnaissait « une part de responsabilité » et annonçait travailler à des solutions. Pour remédier à la situation, l’administration a dans un premier temps proposé une prime de 500 euros aux internes qui iraient volontairement prêter main-forte aux services de pédiatrie en difficulté et de doubler la rémunération des gardes effectuées dans ces établissements.
La ministre blâme les enseignants
« Agacée » de la situation, Agnès Buzyn a affirmé ce lundi lors d’une interview sur LCP que la faute était imputable aux enseignants de médecine générale, responsables d’une mauvaise répartition avec trop de postes proposés dans Paris intramuros. Une « erreur » dont ne s’est pas rendu compte l’administration, explique-t-elle. Une sortie de la ministre qui a fortement déplu aux enseignants jugeant ces propos « inacceptables et erronés ». « Les enseignants ont alerté l'ARS en septembre sur l'offre de stage. Cette offre est faite sur la base de l'évaluation des stages et sur proposition du coordinateur de pédiatrie » expliquent-ils, exigeant des excuses d'Agnès Buzyn.
Dans un courrier envoyé lundi à la ministre de la Santé, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France réclamait de son côté « une nouvelle répartition des internes ». Chose normalement impossible juridiquement.
Crise aux urgences pédiatriques en Île-de-France : "Je suis assez agacée de cette situation. Ce sont les enseignants de médecine générale à Paris qui se sont trompés" dans les affectations des internes, s’agace @agnesbuzyn "extrêmement en colère".#AuditionPublique pic.twitter.com/Z7f8fAptgH
— LCP (@LCP) October 21, 2019
Vice de procédure
Mais retournement de situation, dans un communiqué publié lundi soir, l’ARS annonce finalement relancer la procédure de choix des internes. Pour pouvoir le faire, l’ARS explique avoir notamment recherché un vice de procédure … et l’avoir trouvé. Un interne avait choisi un poste alors qu’il avait d’ores et déjà validé ses 6 semestres d’internat de médecine générale, a relevé l'ARS. « Le choix de ce poste, intervenu au tout début de la procédure et ayant mécaniquement privé un autre interne de cette possibilité, est constitutif d’une atteinte au principe d’égalité, justifiant la relance de la procédure de choix des 490 internes de médecine générale », explique l’agence.
Aurélien Rousseau, directeur général de l’ARS, a décidé que cette nouvelle procédure serait l’occasion de corriger les erreurs précédentes. La commission de répartition de médecine générale sera donc à nouveau convoquée ce mardi. « Ainsi, la répartition non pertinente des postes dans les services de pédiatrie accueillant des internes de médecine générale d’Île-de-France, pourra être largement corrigée », souligne l’ARS. Cela devrait une répercussion sur l'affectation de plusieurs dizaines d'internes et l'organisation de leur semestre (logement) après la prochaine procédure de choix.
Tollé sur les réseaux
Alors que les internes sont censés prendre leur nouveau poste dans moins de deux semaines, cette annonce a provoqué un tollé, comme en témoignent les échanges sur les réseaux sociaux.
C'est une blague?
— L'interne à vapeur (@lexterneduchu) October 21, 2019
On se trompe dans les calculs et donc on demande de tout recommencer à zéro, plus d'affectations? Choix une semaine avant prise de fonction?
On se moque totalement des internes.
Y a t il un pilote dans l'ARS? https://t.co/MI59T2xJoA
On paye le prix de vos erreurs
— Elsa Dechézeaux (@Elsa_Dechezeaux) October 21, 2019
On paye le prix d’années de mauvaises décisions
Nous sommes des variables d’ajustement
Nous devons pallier le fait qu’aujourd’hui en Île de France il n’y a pas assez de pédiatres dans les hôpitaux pour soigner les enfants
Quelle honte #ARS
Ça va, la honte ne vous étouffe pas ? Vous pensez qu'ils n'ont pas déjà organisé leurs vies en fonction de leurs lieux de stage ? Votre mépris pour eux est si fort que ça ?
— fluorette (@fluorette) October 21, 2019
Le syndicat des internes de médecine générale, l’Isnar-IMG rappelle que les internes « ne sont pas des variables d'ajustement du système de santé » et demande à être reçu en urgence par le ministère de la Santé. Même son de cloche du côté de l’intersyndicale nationale des internes, l’Isni, qui « condamne » la décision de l’ARS.
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