Comment désengorger le 15 et garantir une réponse rapide aux demandes de soins urgents sur tout le territoire ? En plein Ségur de la santé, quatre syndicats de médecins libéraux (Les Généralistes-CSMF, FMF, MG France et SML) et la Fédération nationale des sapeurs pompiers de France montent au front ensemble pour apporter des réponses « face à la sollicitation du 15 » et rejeter la voie d'un numéro unique de santé.
« Cela fait un an que nous attendons l'arbitrage du ministère sur le service d'accès aux soins universel. Si le ministre veut mettre en place une seule porte d'entrée avec le 113 comme numéro unique, alors ne comptez pas sur les médecins libéraux », prévient aujourd'hui le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes CSMF.
En décembre 2019, le rapport Mesnier/Carli avait en effet proposé un numéro unique de régulation santé – le 113 – censé couvrir tout le territoire et répondre « 24 heures/24, 7 jours sur 7 et 365 jours/an à la demande de soins des Français » – depuis les urgences vitales aux conseils médicaux en passant par les soins non programmés. Mais cette solution centralisée avait soulevé un tollé du côté des libéraux, craignant que ce numéro ne soit « le 15 sous un nouvel habillage ».
Jusqu'à 45 minutes d'attente...
Rebelote aujourd'hui. Totalement confortés dans leur rejet du numéro unique par la crise du Covid, les syndicats de médecins de ville et les pompiers revendiquent la création d'une filière spécifique aux soins ambulatoires, « distincte des urgences médicales, connue de la population et s’appuyant sur le 116 117 ». Ce numéro de régulation libérale, déjà expérimenté dans trois régions (Pays de la Loire, Corse et Normandie), doit être généralisé, plaident à nouveau les professionnels.
Ces derniers font valoir que, pendant la crise sanitaire, « la sollicitation des SAMU-Centres 15 a très fortement augmenté et leurs délais d’accessibilité, déjà conséquents, ont été considérablement majorés, atteignant parfois 45 minutes ! ». La raison ? Le choix d'orienter vers le 15 les appels relatifs aux conseils médicaux et aux demandes de soins liés à l'épidémie. « Dans ce contexte, continuer de faire croire que le 15 est en capacité de répondre aux exigences attendues d’un numéro apte à traiter les urgences immédiates est une vision d’un autre temps », insiste les syndicats et les pomiers. Ils rappellent qu'« aucun appel pour arrêt cardiaque ne doit patienter plus de trente secondes », selon les recommandations.
Quant aux situations d'extrême urgence « non compatibles avec les délais actuels d'accès au 15 », pompiers et syndicats refont une proposition commune : ces appels vitaux (accidents et urgences) doivent être orientés immédiatement vers le 112 « qui offre une coordination avec l’ensemble des secteurs de l'urgence et du secours ».
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