Les élections professionnelles ayant rendu leur verdict, est-ce le début des grandes manœuvres chez les syndicats de médecins libéraux ? « Notre volonté est de nous placer sur une ligne de construction et d'union. Pour autant, on ne rentrera pas dans un moule », a prévenu ce vendredi le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S (Union française pour une médecine libre – Syndicat).
Rapprochements
Cette association devenu un syndicat seulement en 2017, qui a récolté 17 % des suffrages exprimés dans chacun des deux collèges (généralistes et spécialistes) pour sa première participation aux élections aux URPS, compte désormais « pousser ses idées » dans les négos conventionnelles, avec le renfort d'autres forces. « Cela passe certainement par des alliances car il suffit souvent d'une étincelle pour faire démarrer un feu, avance le généraliste de Fronton. Il faut peut-être amener les personnes autour de la table à aborder des questions qui ne l'étaient pas jusqu'à présent. »
Pour y parvenir, le syndicat appelle déjà la FMF et le SML au rassemblement, deux syndicats avec qui « les points d'accord sont plus nombreux que ceux qui nous séparent. On appelle les deux centrales polycatégorielles à se regrouper derrière les idées de défense de la médecine libérale ». « La ROSP, les forfaits et le paiement à l'épisode de soins, çe n'est pas la médecine libérale », confie le Dr Marty.
Une façon aussi de préempter le rapprochement des syndicats médicaux, chacun ayant fait le constat d'une balkanisation délétère pour la profession. À en croire l'UFML, un tel rassemblement pourrait s'opérer avec la création d'une structure commune (sorte de GIE) où « chaque syndicat garderait son existence propre sur le plan juridique ».
Axe
Cet appel ne concerne pas la CSMF, une centrale qui « s'est perdue dans un syndicalisme au parcours institutionnel », « en ayant signé tout et n'importe quoi ». « On ne se retrouve pas dans ce syndicalisme responsable de la dégradation des conditions d'exercice de la profession », assène le Dr Marty.
En tentant de faire alliance avec le SML et la FMF, l'UFML espère créer un nouvel axe polycatégoriel face au « pendant » monocatégoriel formé par MG France d'un côté (chez les généralistes) et AvenirSpé/Le BLOC (chez les spés). Ces deux syndicats monocatégoriels sont arrivés en tête dans leur collège respectif (36,58 % pour MG France et 39,30 % pour Avenir Spé-Le BLOC).
Le syndicat craint que les tutelles (ministère, CNAM) ne voient que ces « deux grandes colonnes » et soient tentés par des conventions séparées. Mais jeudi, MG France s'est prononcé clairement contre cette hypothèse. Idem pour AvenirSpé-Le BLOC, joint par « Le Quotidien ».
Saupoudrage
Alors que trois négociations importantes attendent les syndicats (avenant n° 9 à la convention médicale, avenants aux accords conventionnels interpro CPTS et maisons de santé), l'UFML estime déjà que « le compte n'y est pas » sur les revalorisations prévues dans l'avenant 9 (visites, spécialités, soins non programmés). « On fait encore du saupoudrage. On vient de dégager 27 milliards pour l'hôpital et quelques centaines de millions d'euros pour les médecins libéraux. Clairement,on ne peut pas continuer à accepter ce sous financement », juge le Dr Marty.
Conscient que la situation financière de la Sécurité sociale sera grandement fragilisée à cause de la crise sanitaire, l'UFML espère d'autres soutiens du côté notamment des complémentaires santé représentés par l'UNOCAM. « Si on veut développer le soin, on doit ouvrir les possibilités et elle (l'Union nationale des complémentaires santé) doit accepter les mêmes règles que celles de l'Assurance-maladie. Il y a une sacralisation de l'indépendance du médecin. Le rôle d'un assureur n'est pas d'organiser le soin. »
Sur la télésanté (téléconsultation, télé-expertise), autre volet de l'avenant 9, l'UFML reconnaît que le développement de ces outils numériques est utile à condition d'éviter la marchandisation du soin. Le syndicat s'insurge de longue date contre le développement des plateformes commerciales, qui « jouent aux docteurs ».
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