« Docteur, vous n'allez pas partir. Vous êtes en forme ! » À bientôt 67 ans, le consciencieux Dr Claude Lepage pourrait être en retraite depuis janvier 2015. Le généraliste se refuse à laisser ses patients avant d'avoir trouvé un remplaçant.
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir pris les devants. Plus de trois ans de recherche et personne pour prendre la relève durablement. Le Dr Lepage prolonge son activité à raison de deux jours par semaine, et se fait aider par de jeunes remplaçants. « Ils font de l'excellent boulot et sont très appréciés de la patientèle. Malheureusement, ils ne souhaitent pas s'installer. »
Des remplaçants mais personne pour s'installer
Inlassablement, le Docteur Lepage consulte les annonces. Aujourd'hui encore, il relève sur le site du Conseil de l'Ordre, « 1 demande d’installation pour Villeneuve D’Ascq, 4 demandes de collaboration mais à chaque fois à moins de 30 kilomètres de Lille (le cabinet du Dr Lepage se situe un peu plus loin, à Guesnain près de Douai) et 85 demandes de remplacement... C’est le profil habituel » regrette-t-il.
En mars dernier, le généraliste a adressé une lettre à la préfecture, au président de région et à la presse locale pour les alarmer sur cette situation. La préfecture a transmis le courrier à l'ARS, depuis pas de réponse. « Pour moi, ça ne changera rien. Mais il faut poser la question de la continuité des soins », assure-t-il en rappelant que nombre de ses confrères de la région partiront en retraite dans les années à venir.
Arrêt d'activité en fin d'année
« Et encore, notre secteur n'est pas tellement à plaindre », estime-t-il. En fin de carrière, le Dr Lepage a pu libérer ses samedis, et une partie de ses mercredis. Mais les départs en retraite non remplacés vont commencer à peser sur les médecins en activité. « Je ne veux pas faire comme deux de mes collègues dont l'un a eu un infarctus, l'autre un accident cardiovasculaire dans son cabinet », déplore-t-il.
Le Dr Lepage a récemment couru le marathon de Genève. Il est en forme et aimerait en profiter pour accorder plus de temps à ses sept enfants et huit petits-enfants. « Mais je fais quoi de mon cabinet ? J'aurais aimé alléger les frais. »
Le praticien redoute l'année de trop. « Je ne voudrais pas arriver au stade où je passe à côté d'un diagnostic. On ne peut pas se permettre d'être en roue libre. C'est un métier passionnant mais épuisant intellectuellement. » À la fin de l'année, le Dr Lepage fermera son cabinet.
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