À travers ce flux de réactions, une question de fond est clairement posée. Est-ce que Doctolib, devenu leader de la prise de rendez-vous médicaux en ligne depuis la pandémie, peut mettre sur un pied d'égalité les professionnels de santé régis par le code de santé publique et ceux des médecines alternatives ?

Contacté par le « Quotidien », le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, considère que « c'est une porte publicitaire qui s'ouvre pour ces professionnels, dont certains relèvent du charlatanisme. Le tout, sans aucun contrôle de ceux qui leur donnent cette possibilité ». « Les premières victimes sont les usagers, ajoute-t-il. Nous demandons que la société Doctolib mette en place des procédures de contrôles, pour donner des informations fiables aux usagers. »

Intransigeant sur l'exercice illégal de la médecine

Sur Twitter, la société dirigée par Stanislas Niox-Chateau a répondu aux critiques, dans une série de messages publiés sur ce réseau. Elle estime que « la société évolue et, par exemple, certaines associations de patients promeuvent l'accès à des thérapies complémentaires », mais aussi que « ce n'est pas son rôle de trancher ces débats ».

Par ailleurs, ces « professions alternatives » représentent une part marginale des utilisateurs répertoriés (3 %). L'information sur le profil de ces praticiens serait également « claire » pour Doctolib, puisque le site mentionne plusieurs fois que « ce praticien exerce une profession non réglementée » et  que « leur diplôme n'est pas reconnu par l'État ». La licorne prétend donc être « intransigeante sur l’exercice illégal de la médecine ».

Marginal

Concernant les critiques sur l'absence de contrôles des profils publiés, Doctolib, sollicitée par le « Quotidien », s'en défend. Les professionnels de santé réglementés seraient doublement contrôlés (identité et droit d'exercer auprès de l'Ordre). La vérification s'effectuerait également pour les professions non réglementées disposant d'un numéro Adeli (psychologue…).

Pour les naturopathes, sophrologues et autres ne disposant pas de numéro Adeli, « on procède à une vérification de l'identité et à la description de l'offre proposée », affirme Doctolib. « Un sophrologue par exemple ne peut pas faire de frottis, poursuit l'entreprise. Nous bloquons ce type de mention mensongère. Mais, manifestement, ce qui a été pointé ce week-end est la description de quelques pages qui nous a été échappées. Cela reste néanmoins marginal ».

En réponse aux critiques, la plateforme a également suspendu plusieurs comptes litigieux (17 identifiés ce 22 août) de praticiens ayant suivi les formations d'une naturopathe très controversée, dont les pratiques avaient été signalées par le collectif « L'extracteur ».

Doctolib propose aussi aux internautes de signaler « tout profil dont les agissements seraient dangereux ou condamnables par la loi » . Elle annonce par ailleurs la tenue d'une réunion du comité médical, « une sorte de conseil des sages » réunissant 15 professionnels de santé « représentatifs de la diversité des territoires et des métiers pour se positionner sur le sujet ». Pas sûr que contrefeu suffise à calmer la colère des opposants aux médecines alternatives.