Invité ce vendredi aux états généraux organisés par le syndicat de spécialistes libéraux Avenir Spé, le ministre de la Santé François Braun a appelé à la « responsabilité » de l'ensemble des praticiens pour la prise en charge des patients, à l'heure où les déserts médicaux inquiètent très fortement les élus locaux.
« Le système de santé a deux jambes, la ville et l'hôpital, il faut une musculature équivalente des deux jambes », a-t-il illustré d'emblée, tout en rappelant que la ville n'était pas sous-dotée puisque l'enveloppe dévolue aux libéraux dans l'avenant 9 a « dépassé les 750 millions d'euros ». Mais le ministre appelle aussi à trouver un équilibre entre « les deux jambes du système » et la logique de « droits et de devoirs » – formule qu'il répète devant tous ses auditoires.
La fin de l'obligation de gardes, une erreur
Ces « droits et devoirs » concernent notamment la permanence des soins ambulatoire (PDS-A) et dans les cliniques (PDS-ES), a insisté François Braun, qui a inscrit cet objectif dans la lettre de cadrage des négociations conventionnelles.
Un amendement au prochain budget de la Sécurité sociale pour 2023 (PLFSS) introduit par ailleurs le principe de « responsabilité collective » dans l'organisation de la permanence des soins, tant en établissement qu'en ville. Le CNR santé est également censé plancher sur cette thématique. Et François Braun ne fait pas mystère de sa volonté d'impliquer davantage le secteur libéral sur la PDS, estimant que, cet été, la collaboration était encore insuffisante.
Le ministre de la Santé a par ailleurs fait savoir que la fin de l'obligation de gardes pour les médecins libéraux (obtenue en 2002-2003 après une longue grève) était sans doute « une erreur » à ses yeux. « La permanence des soins doit être partagée, c'est essentiel, il n'est pas normal qu'elle soit assurée uniquement par l'hôpital », estime l'ex-chef des urgences du CHR de Metz Thionville. Selon le dernier bilan de l'Ordre des médecins en 2021, sur les 63 231 praticiens libéraux susceptibles de participer aux gardes, le nombre de participants s'élève à 24 472, soit 38,5 %, en baisse de 0,8 %.
Fermetures de lignes de garde
La demande d'une PDS mieux équilibrée est aussi portée par la FHF et nombre de médecins hospitaliers. Le Dr Mathias Wargon, à la tête des urgences de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis, appelle à « un partage » des patients entre l'ensemble des professionnels de santé. « Notre problème avec le privé c'est la permanence des soins », a même pointé le Dr Wargon, convié aux états généraux par le syndicat Avenir Spé. Il fait valoir que l'hôpital public accueille « tout le monde » y compris les patients que les autres « ne peuvent ou ne veulent pas recevoir ».
Avenir Spé ne s'oppose pas forcément à un retour organisé des praticiens libéraux dans la permanence des soins. Le syndicat du Dr Patrick Gasser, issu d'une scission de la CSMF, défend à cet égard le principe de « responsabilité populationnelle ». Pour autant, « les médecins spécialistes libéraux ont été démobilisés au fil des années, les agences régionales de santé ont refusé l'ouverture de lignes de garde dans les établissements privés », pointe le Dr Gasser. Le gastro-entérologue nantais suggère de « structurer la permanence des soins en établissements de santé » par le biais d'équipes de soins spécialisés (ESS) et d'« ouvrir les négociations sur la PDS ambulatoire ».
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