Les médecins sont-ils responsables de la hausse forte des arrêts de travail ? Depuis l’été, la pression monte en tout cas pour les inciter à lever le stylo. Il faut dire que la progression des indemnités journalières, de l’ordre de 4 % par an, a de quoi préoccuper des pouvoirs publics qui surveillent de très près l’évolution des dépenses sociales. Et, face à cette recrudescence, le plus simple est souvent d’incriminer les praticiens. Depuis 20 ans, c’est la même musique. Et à chaque envolée des IJ, les médecins de terrain ont d’une manière ou d’une autre été visés : motivation obligatoire, entretiens confraternels, campagne en direction des prescipteurs, référentiels de durée par pathologie, surveillance des mégaprescripteurs, mises sous entente préalable… Cet encadrement renforcé, plus ou moins bien ressenti par les professionnels, n’a d’ailleurs pas empêché l’inflation périodique du poste.
Et pour cause. Le phénomène est multifactoriel et tient notamment à l’augmentation de la population active, au vieillissement des salariés au travail et au stress dans les entreprises… De l’avis des experts du social, les remèdes à trouver sont d’ordre structurel et supposeraient déjà de s’attaquer aux difficultés rencontrées par un nombre croissant de salariés. Cela impose de repenser çà et là l’organisation du travail. Vaste chantier, alors même que le dossier a toujours été perçu comme tabou par les partenaires sociaux : les syndicats de salariés, parce que le « congé maladie » est perçu comme un acquis social qui ne dit pas son nom, les patrons parce que le sujet met directement en cause leur management et leurs finances. Chargée de se pencher sur le sujet, la mission mise en place par le premier ministre permettra-t-elle de changer de logiciel ? Ses premières propositions sont a priori de bon augure. Et semblent s’écarter d’une logique de punition des prescripteurs. Mais il faudra juger sur pièces lors du rapport définitif le mois prochain.
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